«L’union européenne( UE) a offert de nouveaux instrument financiers au secteur privé des pays ACP mais il faudra une synergie de l’ensemble des acteurs pour doper le marché», déclare Viwanou Gnassounou, sous-secrétaire général du groupe Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP. En marge du forum d’Information, de partage des connaissances et de mise en réseau en matière de développement du secteur privé des pays ACP, tenu 6 au 8 novembre à Dakar, le haut responsable s’est confié à Financial Afrik.
Pouvez-vous revenir sur l’objectif de ce forum UE -ACP ?
Nous avons proposé de rassembler les acteurs du privé et les décideurs pour l’éthique des fonds européens intra ACP pour leur présenter dans ces 3 jours les nouveaux instruments de financements du secteur privé, élaborés depuis 4 ans. Nous avons développé une nouvelle stratégie d’appui du secteur privé pour donner un nouvel élan au développement socioéconomique de nos pays. Donc, nous allons vers le secteur privé pour leur présenter les résultats de nos consultations et valider ensemble avec eux ces nouveaux moyens d’appuyer ce secteur. En définitif, l’objet essentiel de la réunion est d’avoir un dialogue inclusif qui valide les instruments afin qu’on puisse accéder à ses ressources et éventuellement donner des orientations.
Pourquoi ce réseautage entre secteur privé africains et ceux des caraïbes et des pacifique ?
Ce réseautage s’explique par le dynamisme observé au niveau du marché international. Si vous regardez aujourd’hui, il y a de grands accords commerciaux entre les pays du nord notamment l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Il faut que les pays du sud également puissent faire en sorte que leurs marchés se développent. Lorsqu’on achète certains produits, on a besoin d’intrants qui doivent venir parfois d’ailleurs. Ces intrants là, on peut ne pas les trouver en Afrique mais au Caraïbes. Vous savez, cette zone est un peu la diaspora africaine. Et on retrouve la même chose au niveau du Pacifique. Le groupe ACP s’est formé il y a 45 ans.
C’est cette reconnaissance qui a nécessité de faire en sorte que cette afrodescendance reste unie et travaille non seulement en termes éthiques, culturels mais également économiques. Donc, c’est la dimension économique que nous sommes en train de matérialiser et nous avons fait en sorte que région par région, nous ayons le dialogue.
Cette initiative s’inscrit-elle dans le cadre du renforcement régional entre l’UE et les ACP ?
Forcément, nous avons un accord de longue date qui a été signé à Cotonou en 2000 entre l’ACP et l’Union européenne (UE). La convention q nous a permis de mobiliser une centaine de milliards d’euros. La dernière en date est le financement accordé sur la période 2014/2020 avec un montant de plus de 35 milliards d’euros pour appuyer le développement de nos pays.
À partir du moment où aussi bien que l’UE et nos états reconnaissent le rôle important du secteur privé, il est normal que dans notre coopération, qui date de longue date, nous puissions également faire en sorte que des moyens spécifiques soient dédiés au secteur privé.
Pouvez-vous revenir sur les avancées des accords de l’APE ?
Le partenariat économique a eu des évolutions diverses, selon les régions. Il y a des régions qui ont signé et qui ont commencé à mettre en œuvre. D’autres comme en Afrique de l’Ouest présentent quelques difficultés. Il y a des pays qui avaient paraphé mais qui ne sont pas encore à l’aise pour signer pour la mise en oeuvre. Le Ghana et la Côte d’Ivoire ont commencé la mise en oeuvre des APE craignant que la non ratification ne mette leurs exportations vers l’UE en péril. Nous sommes en discussion pour faire en sorte qu’on ait un accord complet au niveau régional. Et nous allons nous assurer que chaque pays de la région ait le concours nécessaire pour pouvoir aller de l’avant et signer. On ne pourra forcer aucun pays à signer parce que chaque pays voit son intérêt.
Quels sont les enjeux des APE et de la zone de libre-échange continental (ZLECA) ?
Les APE vont progressivement se fondre dans la la zone de libre-échange continental (ZLECA). Parce qu’on ne pourra pas avoir une zone de libre-échange avec des régions et des frontières au niveau de l’Afrique.
Donc, c’est important que les APE se consolident et facilitent au niveau de l’Afrique de l’Ouest, une union douanière. Il faut également que les autres unions également puissent se consolider pour qu’on puisse lever les barrières en cinq blocs. C’est plus facile de lever des barrières en 5 grands blocs régionaux que de les lever en 54 états africains. Donc c’est pour cela, nous encourageons encore la formation des groupes régionaux pour passer ensuite à l’ouverture des frontières afin de rendre effective la ZLECA.
Certaines analyses soutiennent que le secteur privé africain ne joue pas véritablement son rôle dans le processus de création de valeur ajoutée
Le secteur privé africain, je le disais tantôt, sait saisir les opportunités lorsqu’elles sont intéressantes pour lui. Aujourd’hui , il y a des contraintes qui font que le secteur privé ne va pas de l’avant concernant la sécurité juridique, les garanties et la viabilité des projets.
C’est pour cela qu’on parle d’une approche mixte entre argent public et privé .Notre rôle c’est de faire en sorte que l’argent public, qui relève en réalité de la subvention, serve à préparer les investissements au niveau du privé.
Nous allons travailler ( c’est pour cela que le privé est là avec nous ) en sorte pour atténuer ces éléments de risques qui sont perçus par le privé , qui sont des réels éléments de risques .
Quelles sont vos perspectives pour l’Afrique?
Les perspectives sont forcément positives. Vous savez l’Afrique est un continent en croissance, jeune. Donc un marché énorme qui est en train de se développer. Il faut faire en sorte que ce potentiel soit transformé en réalité. Et nous ne le pouvons faire que si nous développons des champions au niveau national, régional et continental. Si nous ne le faisons pas, les autres le feront à notre place. Les grandes multinationales vont venir ici mais nous voulons également en même temps qu’elles viennent, que nous puissions développer nos secteurs privés.
Propos recueillies par Ibrahima Junior Dia
Un commentaire
Pour atteindre les jeunes, la plupart du secteur informel, ne serait il pas bien au niveau national de dégager/creer des structures de financement géré par ces mêmes jeunes, bien sûr recrutés ou sélectionnés sur base de critères bien définis, qui seront accompagnés en formation, pour les secteurs de développement bien cadrés qui répondent aux aspirations de développement pérenne ? Ainsi, sur le plan national les jeunes seront accompagnés par leur pairs et verront ainsi les pôles de développement créés et qui permettront aux gouvernants d’absorber le chômage en meme temps que cette valeur ajoutée sera créé. En clair, je suggère qu’une catégorisation des besoins vs valeurs (compétences, formations, expériences . . .) existantes soit répertorié et sert de levier dans l’atteinte des objectifs. Ces structures ainsi créées sur le plan national seront répercutees dans les régions et regroupements supra nationaux pour enfin atteindre les 5 régions qui serviront à la levée des barrières dont parle M. Gnassounou.