Le financement des PME reste la grande problématique des économies africaines. L’argent existe mais l’accès pose problème, l’information est rare. Bonsoir
C’est l’une des principales conclusions de la conférence «Africa SME Champions» ouverte le 12 novembre à Johannesburg en présence des acteurs des écosystèmes nationaux et régionaux de la PME. Si l’argent existe, le financement d’une petite entreprise reste encore une exception. Sans une réponse adéquate à cette question, il n’y aura pas de solution à l’inclusion des jeunes africains laquelle passe par l’accompagnement des PME», a déclaré Didier Acouetey, président de Afric Search, initiateur de l’événement.
L’Africa SME Champions qui se tient en même temps que l’Africa Investment Forum (AIF) de la Banque Africaine de Développement (BAD) est marqué cette année par l’implication active de la BADEA, sponsor platinium des deux événements.«Notre présence à ces deux événements trouve son sens à plus d’un titre. La problématique du financement des PME est essentielle. Notre nouvelle vision stratégique 2030, en accord avec les agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine, consacre un virage stratégique en faveur du secteur privé», déclare Sidi Ould Tah, Directeur Général de la banque. Jusque-là focalisée sur les appuis budgétaires et les concours publics, la Banque symbole de la solidarité Arabo-Africaine, active sur le continent depuis 45 ans, change d’orientation et se dote de mécanismes souples permettant d’atteindre les PME. Appelant à distinguer les PME selon leurs tailles et leur caractère (formel ou informel), le banquier estime que les entreprises disposant d’une activité déclarée ont plus de facilités d’accéder au financement.
«il faut des fenêtres spéciales pour les PME, avec un package impliquant la garantie et l’assurance. «L’innovation majeure de notre stratégie repose sur l’élargissement de nos activités au secteur privé». Nous sommes sur le point de lancer une institution financière de type mesofinance au Rwanda avec un capital de 5 millions de dollars. La zone CEMAC et l’UEMOA accueilleront à leur tour de telles institutions destinées à accorder un focus particulier aux femmes et aux enfants.
Par la suite, Paulo Gomes, président de New African Capital Partners, a appelé les États à s’inspirer de l’exemple américain du Small business act pour aider les PME à accéder à la commande publique et au marché. De son côté, Abdou Diop, directeur de Mazars Maroc, a rappelé l’importance des dispositifs d’accompagnement des PME, sources de création de l’emploi.
S’il est question du rôle des banques, il est rarement fait cas de l’engagement des grandes entreprises dans le développement des PME. «Nous sommes présents sur plusieurs pays africains et travaillons avec un business modèle adapté aux acteurs de chaque pays où nous intervenons», explique Karim Lotfi Senhadji, CEO de OCP Africa. Le groupe a développé une approche personnalisée pour toucher les fermiers.
Le forum Africa SME Champions a mis en exergue le caractère disruptif de l’économie africaine, appelant, au delà des business plan, à prendre en compte la composante digitale et les nouvelles formes de financement. «Le crédit coûte cher et ne semble pas être la bonne ressource pour les PME. Il faut se tourner vers les ressources en capital », explique le représentant d’Afreximbank, faisant allusion aux fonds d’investissement et à des supports comme les fonds de garantie. Dans l’ensemble, le forum le confirme, au delà du capital financier, le capital relationnel est déterminant dans la réussite de l’aventure entrepreneuriale.
Des engagements forts de ce forum l’on retiendra la «SME initiative Growth» qui vise à accompagner 1 000 entreprises en cinq ans. A cela s’ajoute l’engagement du Nepad, qui déclare vouloir accompagner le financement et l’encadrement de 100 000 PME pour un objectif de création d’un million d’emplois d’ici 2021.