La Côte d’Ivoire regorge de talents dans les secteurs de l’énergie et du numérique. Ange-Frédérick Balma, fondateur de Lifi-led, fait partie de cette génération d’entrepreneurs africains qui bouscule les codes. Son succès, il le doit à une méthode de management peu commune sur le continent.
Ange Frédérick Balma est un entrepreneur comme la Côte d’Ivoire en a rarement connu au cours de sa jeune histoire. Situé dans le quartier d’Angré à Abidjan, le fondateur de Lifi-led sait que son projet peut à terme révolutionner les usages de l’énergie. «L’objectif est de se servir de l’énergie solaire pour fournir le Lifi», indique-t-il. Grâce à sa solution, Ange-Frédérick Balma permet une augmentation du débit de connexion. «Nous pouvions monter jusqu’à 280 mégabits. C’est supérieur à la capacité des meilleures modèles d’ordinateurs en vente sur le marché», détaille-t-il. Avec une quarantaine de salariés sous ses ordres, la société d’Ange Frédérick Balma est en pleine expansion. «Nous exportons nos services au-delà de la Côte d’Ivoire. Nous avons aussi un projet en cours au Burkina Faso dans le domaine de l’énergie où 8 personnes travaillent actuellement», analyse-t-il.
La discipline, comme mot d’ordre
Si Ange-Frédérick Balma voit aujourd’hui sa cote monter, les débuts n’ont pourtant pas été simples. «Je formais des gens puis ils me quittaient pour travailler auprès de grandes entreprises dont les salaires étaient plus avantageux», dit-il. Puis il ajoute: «J’ai alors décidé de faire entrer mes salariés dans le capital de mon entreprise. J’avance leur part de pourcentage puis je prélève chaque mois la somme de leur salaire. C’est la seule manière de les impliquer directement dans le projet». Et la méthode a payé car les départs ont été considérablement ralentis pour cet entrepreneur qui a érigé la formation de ces collaborateurs en priorité absolue pour son entreprise. «Je suis davantage exigeant auprès de moi-même qu’avec eux. Chaque jour, je démarre ma journée avec une heure de lecture car j’ai besoin de parfaire ma formation en tant qu’entrepreneur», insiste-t-il. Ange Frédérick Balma se rend au bureau vers 8h. «Je me bats pour montrer à mes collaborateurs qu’il faut avoir un sens aiguë de l’autodiscipine pour parvenir à ses objectifs malgré les embouteillages ou autres problèmes d’infrastructures. Nous travaillons au développement de notre pays et de notre continent. C’est aussi cela l’instruction que je donne à mes collaborateurs. Il faut autant faire évoluer le profil du travailleur que celui de l’homme. C’est notre Afrique qui en a besoin. C’est ma vision» , éclaire Ange Frédérick Balma. Ce serial-entrepreneur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «Nous avons démarré un projet au Burkina Faso et nous allons aussi créer prochainement une société en France. Les statuts sont en train d’être déposés pour la création d’une société spécialisée dans l’internet des objets et des usages du lifi», détaille-t-il.
En voyage pour attirer des fonds
Face aux besoins, l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas mis longtemps avant de comprendre les enjeux auxquels Lifi-led tente de trouver des solutions. «Les autorités construisent une zone franche où nous pourrons bâtir notre propre usine de fabrication de panneaux solaires », explique-t-il. Son objectif étant de fabriquer un maximum d’éléments ou de matériaux sur place afin de contribuer encore davantage à l’essor de l’économie ivoirienne. Pour le fondateur de Lifi-led – souvent en transition entre deux vols – c’est au pays de la lagune du fleuve Ebrié que l’avenir se dessine. «Je passe mon temps dans les avions et je délègue à mes équipes.. Durant mes déplacements, je m’y rends afin de rencontrer des investisseurs et autres partenaires pour nous accompagner dans notre développement», dit-il. Ce surmenage, Ange Frédérick Balma l’explique par l’absence de fonds de soutien sur le continent. «Des instituts nous ont décerné des prix. J’en ai une bonne trentaine à mon actif. Vous devez convaincre loin de votre continent car même la BAD peine à financer les entrepreneurs du continent », explique Ange-Frédérick Balma. Malgré ces obstacles, rien ne semble freiner les ambitions de celui dont le chiffre d’affaires frôle la barre des 165 millions de FCFA.