La République démocratique du Congo et la République du Congo ont signé, hier, dans le cadre de l’Africa Investment Forum à Johannesburg, un accord interétatique visant à accélérer la construction du pont reliant leurs capitales, Brazzaville et Kinshasa.
L’accord signé par les deux Congo, en présence de leurs partenaires principaux, la Communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC), la Banque africaine de développement et Africa50, fixe les principes de coopération pour l’élaboration, la construction, l’opérationnalisation et la maintenance du pont.
Une fois ratifié, cet accord interétatique servira de cadre opérationnel pour le recours à des appels d’offres, la recherche de partenaires techniques stratégiques et la mobilisation des financements.
Les deux gouvernements congolais ont mandaté Africa50 sur le développement du projet aux côtés de la Banque africaine de développement, qui fournira le financement (dette), sous l’égide de la CEEAC. En tant que développeur principal, Africa50 aidera à structurer le projet sous la forme d’un partenariat public privé (PPP), dirigera la phase de préparation et de développement du projet et investira des fonds propres pour la construction.
Projet emblématique du Plan d’Action Prioritaire du Programme pour le Développement des Infrastructures (PIDA), l’ouvrage consiste en un pont à péage de 1,575 kilomètre de long, au-dessus du fleuve Congo. Il comprend une voie ferrée, une route à double ligne, des passages piétons et un poste de contrôle frontalier de chaque côté. Il sera connecté aux infrastructures routières existantes dans chaque pays. Son coût était estimé à 459 millions de dollars américains en 2017.
Le fait d’établir une connexion directe entre Kinshasa et Brazzaville permettra d’augmenter le trafic actuel, estimé à 750 000 personnes et à 340 000 tonnes de fret par an, à plus de 4 millions de personnes et plus de 3 millions de tonnes de fret d’ici à 2025. Par ailleurs, l’impact positif du projet s’étendra bien au-delà des deux villes, créant un lien essentiel pour le développement des corridors de transport est-ouest et nord-sud de l’Afrique.
Dans son allocution, Mme Élysée Munembwe Tamukumwe, vice-Premier ministre du Plan de la République démocratique du Congo a rappelé les enjeux économiques de cette signature, en évoquant les projets d’infrastructure qui en découleront à l’échelle régionale et panafricaine. « Ce pont constitue une liaison de transport essentielle pour la réalisation du transafricain qui regroupera plusieurs corridors, de Tripoli à Windhoek jusqu’à Cape Town. Nous sommes heureux de coopérer avec la République du Congo, notre pays frère, et tous les autres partenaires sur ce projet historique qui vient matérialiser la volonté des chefs d’états de la CEEAC de renforcer l’intégration régionale ».
« Ce pont est une contribution idoine de l’Afrique centrale et surtout des deux Congos à l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine. Nous sommes très enthousiastes à signer cet accord qui fixe en substance, le cadre légal de réalisation du projet de pont route-rail et nous relevons le professionnalisme des partenaires stratégiques qui gèrent sa structuration pour aboutir à un modèle consensuel de gestion », a déclaré Jean-Jacques Bouya, ministre de l’Aménagement, de l’équipement du territoire, des grands travaux de la République du Congo.
Selon le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, « le projet de pont des deux Congo établira enfin un lien physique direct entre Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales les plus proches du monde. De tels projets de transport ont pris une nouvelle importance avec la signature en avril dernier de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine. Les réductions tarifaires de 90% proposée sur les marchandises n’auront que peu d’effet si ces marchandises ne peuvent pas traverser rapidement les frontières. »
« Les projets régionaux présentent des défis particuliers. Nous sommes reconnaissants envers les leaders de ces deux grands pays pour leur soutien indéfectible en faveur de cet accord interétatique. Nous sommes à la fois heureux de pouvoir franchir cette étape importante et fiers de la confiance qui est accordée à Africa50. Nous sommes prêts à déployer notre expertise en matière de développement de projet et de capital-investissement ainsi que notre savoir-faire technique et opérationnel pour accélérer la mise en œuvre de cet important projet, en travaillant étroitement avec nos pays actionnaires, la Banque africaine de développement, la CEEAC et les autres partenaires du projet », a précisé Alain Ebobissé, Directeur général d’Africa50.
Lors de la première édition de l’Africa Investment Forum le 7 novembre 2018 à Jonhannesburg, la Banque africaine de développement et Africa50 avaient signé un accord cadre préliminaire avec les deux Congo fixant les termes et conditions selon lesquels la Banque et Africa50 pourraient développer et financer le projet. Des rencontres conjointes se sont ensuite tenues le 11 avril à Dakar entre Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo, et Felix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo. Le 12 septembre dernier à Brazzaville, les présidents des deux Congo avaient réaffirmé leur soutien total au projet.
A propos d’Africa50
Africa50 est une plateforme d’investissement créée par les chefs d’États africains et la Banque africaine de développement, dont le mandat est de développer et d’investir dans des projets d’infrastructures à fort impact de développement, à travers la mobilisation de fonds publics et privés, tout en proposant un rendement attractif aux investisseurs. A ce jour, Africa50 compte 30 actionnaires, dont 28 pays africains, la Banque africaine de développement, la banque centrale du Maroc Bank Al-Maghrib, et la Banque des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), pour un capital engagé de plus de 876 millions de dollars américains. www.africa50.com