Les Infos et les Infox. Faux, le fils de l’ancien président mauritanien n’a pas tiré sur un officiel. Le député supposé atteint par la balle est le premier surpris par cette infox. L’Union Africaine a bien sollicité l’ancien président mauritanien pour relancer son initiative en Libye. Mais cette initiative africaine présidée par Denis Sassou Nguesso bat de l’aile. Sollicité à en prendre la relève, l’ancien président mauritanien a posé une condition: que la démarche ait le cachet de l’ONU. Celle-ci n’a pas pu se mettre d’accord (refus américain sec), ayant son propre envoyé spécial, le libanais Ghassan Salamé, réduit aujourd’hui à dénoncer les « ingérences ». Il faut le dire, Washington soutient ouvertement le général Khalifa Haftar dans son offensive générale et ne souhaite pas que l’initiative africaine vienne changer le rapport de force et redonner de la vigueur à un agenda onusien qui, au delà de son soutien formel au gouvernement libyen de Fayez el Sarraj, n’a aucune réalité militaire ( la Manul-Mission d’appui des Nations unies en Libye- est frappée du même mal que la Minusma au Mali ou la MONUSC0 en RDC) tactique et géopolitique.
Homme de tempérament, l’ancien président mauritanien ne veut pas être le dindon de la farce dans une Libye où l’initiative africaine actuelle, en dépit des efforts du président congolais, s’enlise. Vu de Nouakchott, le président mauritanien a été éconduit par l’ONU. Cette interprétation ajoutée à la fausse information d’un prétendu tir du fils de l’ancien président mauritanien sur un député, le premier à en rire, résume l’ambiance délétère qui règne à Nouakchott.
La violence de la désinformation a fini par fissurer la relation, vieille de quarante ans, entre l’ancien président Mohamed Abdel Aziz, qui a quitté le pouvoir le 2 août 2019, après deux mandats, et son successeur, Mohamed Cheikh Ould Ghazouani, autre général qui a tronqué le kaki pour le boubou, pour remporter l’élection dès le premier tour avec 52% des voix.
La crise entre les deux hommes est illustrée par l’absence surprise de l’ancien président (qui a boudé), le 28 novembre dernier, à la cérémonie de célébration de la fête de l’indépendance qui a eu lieu à Akjoujt, à 260 km au Nord-Est de Nouakchott. La presse internationale dépêchée sur les lieux n’a pu que constater l’ampleur de la crise politique partie des réseaux sociaux et qui a fini, à force de vraisemblance, par avoir raison du tandem. Dans ce contexte, les appels à l’audit de la gestion de l’ancien président se multiplient. Un scénario à l’angolaise se dessinerait-il?
En tout cas, les guerres de positionnement font rage au sein du parti au pouvoir (UPR) divisé aujourd’hui en deux tendances. Il y a d’abord celle qui milite pour un renouveau, voire la dissolution du parti au pouvoir ou la création d’un mouvement rattaché au nouveau président. Face à cette tendance, il y a celle, non moins importante, constituée de députés favorables à une sorte de bicéphalisme qui ne dit pas son nom, avec Mohamed Abdel Aziz à la tête de l’UPR et Ghazouani au palais présidentiel.
Cette tendance aurait poussé le bouchon un peu loin en organisant une réunion, mercredi 20 novembre autour de l’ancien président, rentré à la mi-novembre d’un séjour européen de plus de deux mois. Informé de cette rencontre informelle, le président déclenche une contre réunion, deux jours plus tard, poussant les ministres et officiels présents à la première rencontre à présenter leurs plates excuses. Bien que déclarant qu’il ne laisserait personne ternir l’image de l’ancien président, le président Ghazouani ne pourra rien faire contre la vague de rumeurs. Pour le moins, cette crise permet à l’actuel locataire du palais gris de rompre définitivement avec l’image de Medvedev qu’une certaine presse l’a affublé depuis son élection.