Propos recueillis à Marrakech par Dia Ibrahima Junior.
«Nos avons trois programmes clefs pour soutenir la mobilité durable au Maroc»
La ville de Marrakech (Maroc) a abrité, jeudi 26 novembre, la Conférence internationale pour la mobilité durable sur le thème : «Transport routier et mobilité durable pour un avenir durable ». Cette manifestation était organisée par la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM), de concert avec la Fédération internationale des routes (IRF) et l’association européenne des concessionnaires d’autoroutes et d’ouvrages à péage (ASECAP).
En marge de cette 3e édition sur la mobilité durable, le Directeur Général d’Autoroutes du Maroc (ADM), Anouar BENAZZOUZ, a accordé un entretien à Financial Afrik.
Quel était l’objectif de cette rencontre dédiée à la mobilité durable ?
La troisième édition de la Conférence Internationale sur la Mobilité Durable coïncide cette année avec le 30e anniversaire de la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). L’évènement a été organisé en partenariat avec la Fédération Routière Internationale (IRF) et l’Association Européenne des Concessionnaires d’Autoroutes et ouvrages à Péage (ASECAP) et l’association des autoroutes du Maroc.
L’objectif de cette rencontre était justement de partager avec tous les acteurs clefs dans ce domaine (experts, opérateurs, investisseurs, institutions …), des actions sur la mobilité durable et la sécurité routière. Nous pensons que la sécurité routière fait partie de la durabilité des infrastructures.
Le Maroc, artisan majeur de la COP 21 et 22, s’est engagé sur un objectif très ambitieux de réduire 42% des gaz à effet de serre d’ici 2030.
Puisque cet horizon est très proche, notre structure multiplie les efforts pour atteindre les objectifs cibles. Sur cette base, nous avons trois programmes. Le premier est un programme vert comprenant le reboisement. À ce jour, nous avons planté 3 millions d’arbres et on est entrain d’en planter 800 000 actuellement.
Sur le deuxième axe, on utilise la plantation pour stabiliser les talus .On aurait pu le faire avec du béton mais cette matière augmente l’émission de CO2.
Les plantes autochtones marocaines se trouvant de part et d’autres des autoroutes sont prises en compte. De ce fait, il y aura aussi des activités génératrices de revenus destinées aux paysans.
D’autre part, pour construire une autoroute, on utilise beaucoup d’eau pour le compactage. Nous avons développé une méthode qu’on appelle le «compactage à sec » qui permet de réduire entre 3 et 4 milliards de litres d’eau. Pour le programme Azur, consistant entre autres en l’installation de bornes pour les voitures électriques, cela nécessite énormément d’énergie. Nous avons opté en grande partie pour les énergies renouvelables.
On a également mis en place des recharges électriques pour les voitures sur l’autoroute. De ce fait elles n’auront pas de problème à circuler à l’intérieur de l’autoroute.
Enfin, le troisième programme est communautaire, touchant les communautés riveraines. C’est le cas du programme élargi pour les écoles avec un système de parrainage où chaque employé parraine une école.
Pourquoi vous avez choisi cette année de mettre l’accent sur le transport ?
Ce thème entre dans la logique des événements organisés précédemment, qui consiste essentiellement à échanger sur les questions de mobilité durable. Puisque le transport joue un rôle important dans la mobilité durable.
Nous avons choisi cette année d’aborder la problématique du transport et de la sécurité routière qui constituent des éléments fondamentaux de la mobilité durable.
Les acteurs sentent-ils la nécessité d’intégrer ce projet ?
Dans cette conférence, on a amené des décideurs, des investisseurs …pour partage les bonnes pratiques. Les parties prenantes sont appelées à agir pour créer une synergie d’ensemble afin de lutter efficacement contre les effets du changement climatique.
Nous ne sommes pas là pour expliquer les conséquences de nos actions sur le réchauffement climatique. Je crois que tout le monde est convaincu maintenant du fléau.
On a désormais besoin seulement des actions concrètes pour lutter contre le phénomène de réchauffement climatique. Par exemple, la Banque européenne d’investissement (BEI) a présenté sa démarche pour le financement de ces nouveaux projets d’investissements en tenant compte de l’effet environnement et sécurité.
Ainsi, ces projets auront plus de sens qu’auparavant et seront plus bénéfiques notamment pour l’Afrique. Je crois que le gain financier de cette nouvelle dimension est important. Cette nouvelle approche commence à porter ses fruits. On voit des investisseurs, des entreprises, des acteurs économiques et sociaux, ainsi que des médias s’impliquer.
La société, VINCI Autoroutes a présenté des statistiques quasiment au rouge sur les comportements des Marocains à l’autoroute. Quel est votre sentiment ?
Ces statistiques sont écrites en rouge mais sont positives. Vous savez, ces statistiques concernent les comportements .Et dans les accidents, le problème majeur réside dans le comportement des gens et donc on est dans une logique de les corriger. Pour réussir ce pari, il faut beaucoup travailler sur les chiffres et les perceptions.
Les statistiques concernent la perception et nous étions étonnés que les résultats soient équivalents à ce qui se passe en France, en Allemagne et dans les autres pays. L’enseignement que l’on peut en tirer est que l’être humain a le même comportement et la même réaction quel que soit le continent dans lequel il vit.
Quel bilan tirez-vous de cette troisième édition sur la mobilité durable ?
D’une manière globale, on trouve une certaine convergence entre plusieurs pays et des sociétés. Je crois que le niveau d’engagement a augmenté de manière significative. Ce dynamisme est à mettre à l’actif des États engagés pour la lutte contre le réchauffement climatique. Vous savez, actuellement chaque État subi de manière forte le phénomène de changements climatiques.
Donc, je crois que sur l’aspect engagement, on trouve toujours des bonnes pratiques comme par exemple ce qu’a présenté VINCI Autoroutes sur les autoroutes à bat Carbone. Ce sont des initiatives très importantes qui sont à partager et à utiliser par tous les usagers de la route dans le monde.
Quelle est la feuille de route de l’ADM en 2020 ?
On a un projet d’élargissement d’autoroute sur une soixantaine de kilomètres, entre Mohammedia et Berrechid. En même temps, on est en train de travailler sur le lancement d’une nouvelle autoroute sur une trentaine de kilomètres de Casablanca vers Berrechid. Parce que Casablanca devient une agglomération très très importante et génère des flux de trafics vers toutes les autres villes du royaume. Ces deux projets sont planifiés en 2020.
Concernant l’Afrique, Dominique Strauss Khan disait que l’avenir du continent se trouve dans les questions environnementales. Votre commentaire ?
Moi je pense que les questions environnementales sont devenues générales à tous les pays du nord comme du sud. Le réchauffement climatique est une réalité. Ce n’est plus un sujet où il y a des débats scientifiques.
On voit les inondations partout et des problèmes subsistent. Donc il faut trouver des solutions pour les générations futures. Nous avons cette responsabilité pour les générations à venir.
L’Afrique a besoin certes d’infrastructures pour son développement mais il faut qu’elles soient en même temps protectrices de l’environnement. Bien sûr, on ne demande pas au continent d’arrêter la construction de ses infrastructures.
L’idée est de ne pas faire le même chemin que l’Europe .On peut construire des infrastructures en protégeant l’environnement. On a besoin de bien faire les autoroutes, d’avoir des voies expresses des routes en fonction du trafic.
Dans ce cadre, l’expérience marocaine est bien bénéfique pour l’Afrique qui compte assurer une mobilité durable pour ses générations futures.
L’Afrique peut -elle miser sur les fonds verts pour pallier son gap en infrastructures ?
Absolument, je pense que la Banque européenne d’investissement (BEI) a présenté une manière différente de voir l’infrastructure en intégrant l’environnement et la sécurité comme des éléments-clefs dans les évaluations des projets. Donc, à priori, ces éléments positifs pourront soutenir les pays africains qui ont besoin de ses infrastructures pour leur développement.
Moi je pense qu’il faut avoir le développement et en même temps assurer la durabilité du développement.
Votre mot de la fin ?
Nous sommes engagés pour les générations futures. Un pacte que chacun de nous doit vivre de manière quotidienne pour réunir les missions assignées.