La finance verte était au menu de la conférence internationale organisée à Dakar le 3 décembre 2019 par African Guarantee Fund (AGF) et le Nordic Développement Fund (NDF). Devant tout l’écosystème financier local représenté par les banques, les fonds de garantie, les institutions de développement et l’Etat dans ses différents démembrements dont le ministère de l’Economie, celui de l’Environnement, le Fonds national des investissements souverains (FONSIS) et le Fonds de garantie des investissements prioritaires, Félix Bikpo, le Directeur général du fonds AGF, a rappelé l’immense gap en financement des PME africaines : «150 milliards de dollars avec un accroissement tendant vers 300 milliards de dollars».
Les possibilités nouvelles introduites par la finance climat peuvent contribuer à atténuer ce gap qui concerne 98% du tissu entrepreneurial sénégalais et africain.
D’emblée, il a été question de la coordination des rôles des différents intervenants dans la «green finance», en allant des institutions multilatérales aux institutions de développement et de celles-ci aux États, aux banques commerciales et in fine aux entreprises. Si les opportunités de la finance verte sont nombreuses, elles ont besoin d’un cadre incitatif pour se développer, rappelle Pierre Maspoli de l’Agence Française de Développement (AFD).
Le Sénégal semble s’y préparer avec dans l’état actuel des choses, la préparation d’un cadre réglementaire pour les émissions des Green bonds, rappelle Yaya Bary, économiste en service à la Direction des Financements Verts et des Partenariats au ministère de l’Environnement. Dakar travaille en outre à la structuration d’un fonds national climat, ajoute M. Barry.
Il faut dire, comme l’a rappelé Angèle Luh Sy , chef bureau ONU Environnement pour l’Afrique de l’Ouest, que jusque-là seuls le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont émis des obligations vertes. Le Sénégal rejoindrait ce club fermé dans les mois à venir.
Reste à savoir si le système bancaire local, avec, rappelle Ibrahima Sakho, coordonnateur général de la mutation institutionnelle de Fongip, 607 milliards de Franc CFA de demande de financement non satisfaite, perçoit toutes les possibilités offertes par la finance verte. Apparemment, les initiatives existent même si elles ne foisonnent pas. Au niveau régional, AGF garantit les projets verts jusqu’à 75% du financement bancaire tout en consentant une baisse de 29% du coût de garantie dédiée à ce type de projet par rapport au projet classique. «Une coordination des acteurs est nécessaire pour générer le maximum d’impact », suggère madame Luh qui cite le cas kenyan où les 15 DFI’s présentes sont organisées en plateforme travaillant avec l’Etat, «ce qui a le don de générer plus d’impact et d’éviter la dispersion des forces».
Face aux enjeux du climat avec pour l’Afrique de l’Ouest l’érosion du littoral et la menace sur le tourisme, le financement public à lui seul ne suffit pas à lui seul pour développer des programmes d’atténuation et d’adaptation. Il faudra que le privé s’engage et de manière accélérée au vu des données sur les conséquences du réchauffement climatique. Comme le rappelle un expert présent à la conférence, le maintient à 2% du réchauffement climatique peut faire perdre à l’Afrique 17% de son PIB agricole et assécher 100 millions d’hectares de terres arables.