L’association des assureurs sénégalais tient une assemblée décisive ce 18 décembre pour l’avenir du local content.
Si le pool pétrolier mis en place par les compagnies d’assurance du Sénégal dans le but de soumissionner en groupement aux sollicitations du secteur a bien reçu son récépissé d’association auprès des services du ministère de l’intérieur, tel n’est pas encore le cas de l’arrêté du ministère des Finances. Depuis un an, ce pool sensé traduire la volonté affichée au plus haut niveau d’instaurer le local content dans le domaine stratégique du pétrole et du gaz, rencontre une étrange mais polie fin de non recevoir.
Pendant ce temps, les principaux contrats pétroliers sont en cours de contractualisation. Ainsi, les contrats Woodside et BP, d’environ 15 milliards de Franc CFA, opposeraient le pool d’une part et la compagnie Amsa d’autre part. Celle-ci, seule à ne pas adhérer au groupement, fait cavalier seul en rappelant que «pour le moment, ledit pool, ne dispose pas encore d’un arrêté». Un argument battu en brèche par les membres du pool qui estiment que l’arrêté n’est pas une obligation en prenant l’exemple du pool PTV (Transport) constituée en 1998.
En optant pour la voie solitaire, Amsa affaiblit le pouvoir de négociation des assureurs et encouragerait le fronting et la fuite des capitaux.
Pour le moment, les deux parties, le pool d’une part et Amsa d’autre part, campent sur leurs positions. Pendant ce temps, la Direction des Assurances, drapée dans une neutralité bienveillante, multiplie les manœuvres de conciliation sans user de son pouvoir de coercition. D’où l’exacerbation de l’Association des Assureurs du Sénégal. Réunie en conclave le 5 décembre, cette instance qui regroupe toutes les compagnies agréées menace de suspendre voire d’expulser Amsa de ses rangs, ce qui serait une première dans les annales du secteur.
En effet, cette dernière refuse jusqu’à présent de signer les statuts du Pool d’Assurances des Risques Pétroliers et Gaziers du Sénégal, et ce, précise-t-on, «malgré les différentes tentatives du Pool à vouloir tenir avec Amsa une rencontre permettant d’avancer sur son adhésion».
A noter qu’il y a eu de grandes avancées du Pool dans son organisation avec la mise en place d’un comité technique réunissant tous les cadres du marché sénégalais couplé à une assistance technique confiée à la SEN RE. A cela s’ajoute le récépissé de déclaration du Ministère de l’intérieur consacrant ainsi définitivement le Pool. Par ailleurs, le Pool a reçu des lettres d’intention manifeste de structures internationales, indiquant leur disposition à favoriser le local content par des capacités de souscription négociées plus favorable au marché sénégalais.
Les Enjeux
Au niveau du marché des assurances, la mise en place du Pool reste la réponse la plus appropriée pour une réelle optimisation du contenu local, il permet en outre de mettre en place les couvertures d’assurance aux standards internationaux. Cette organisation entre les compagnies d’assurance à travers le Pool et le Réassureurs National, la Sen Re, est une situation inédite et quasi unique au Sénégal, où nous constatons qu’une association de tous les acteurs de la prise de risque a réussi à faire regarder ses membres au delà de leurs intérêts personnels, en privilégiant l’intérêt général et surtout en permettant aux structures ayant le moins de moyens à tirer vers le haut, plaçant tout un même marché au même niveau, sans considération de taille, ou de l’origine du capital investit au Sénégal, ou encore de son appartenance à un groupe national, régional, continental, ou international.
«Cette situation serait parfaite sans la position dissidente d’AMSA», déplore un acteur de la place. «Nous ne sommes pas opposés au pool mais l’adhésion n’est pas obligatoire», rappelle -t-on d’Amsa en soulignant que le pool n’a pas encore son arrêté ministériel (Finances).
La situation de blocage est préjudiciable au marché Sénégalais, représentant un point d’achoppement qui peut être utilisé comme canal de fragilisation du contenu local.
Les médiations organisées n’ont pas permis d’aboutir. Amsa qui
a mis la main sur la couverture d’assurance des structures publiques comme la SENELEC ou la SAR, semble bien partie, aidée en cela par le courtier AC Marsh, pour engranger des projets pétroliers. Une houleuse assemblée générale prévue ce 18 décembre devrait vider le contentieux. Amsa se dirige vers l’expulsion ou l’inclusion.