Par Mamadou Aliou Diallo, Conakry
L’implication dans la crise Guinéenne du National Democratic Institute (NDI) et de la fondation Koffi Annan à travers deux anciens chefs d’État, en l’occurrence le Béninois Nicéphore Soglo et le Nigérian Goodluck Jonathan, n’a manifestement pas fait infléchir Alpha Condé sur sa position. Le président guinéen Alpha Condé a annoncé ce jeudi soir 19 décembre à la télévision nationale son intention de soumettre à référendum un projet de nouvelle Constitution déjà élaboré.
Cette déclaration intervient alors que le processus pour les législatives semble compromis à cause des irrégularités constatées lors du recensement.
Dans son adresse à la nation, Alpha Condé a expliqué le processus qui a conduit à l’élaboration de la nouvelle constitution qu’il entend vulgariser avant son éventuelle adoption par les Guinéens à travers un referendum « j’ai instruit le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, en charge des Relations avec les Institutions Républicaines, de prendre les dispositions pour élaborer un projet de Constitution dans le sens des recommandations faites par l’ensemble des acteurs ayant pris part aux consultations….j’ai engagé le processus d’élaboration d’une nouvelle Constitution….. La Commission technique qui a travaillé sous la conduite du Ministre de la Justice a produit un avant-projet de Constitution qui m’a été remis…après examen du projet de Constitution par la Cour Constitutionnelle et réception de l’avis conforme de celle-ci, j’ai décidé de rendre public le contenu du texte…..ce projet fera l’objet d’une large vulgarisation avant son adoption par le peuple souverain»a déclaré Alpha Condé hier à la télévision nationale.
Déjà, c’est la consternation au niveau des acteurs sociaux qui espéraient que le président Guinéen lâcherait du lest au vu des manifestations monstrueuses et récurrentes du front national pour la défense de la constitution (FNDC). Dans les états-majors des différents partis d’opposition, l’heure est à la remobilisation.
Pour Moussa Baldé, leader du mouvement la République Émergente et Moderne (REM), cette annonce du locataire du Palais Séhkoutoureya est une énième provocation au peuple souverain de Guinée, Selon lui, la récréation est terminée. « Il est temps que le peuple soit ferme et vigilant sur le devenir proche de la Guinée ».
« La position de l’UFDG est connue….. Elle s’inscrit dans le combat du front national pour la défense de la constitution (FNDC) et à cet effet, on va se retrouver avec toutes les forces sociales regroupées au sein de cette entité pour décider de l’accélération de notre calendrier. Parce que le chef de l’État vient de donner le ton du coup d’État constitutionnel qu’il envisage contre notre pays… »,a réagi Ousmane Gaoual Diallo, conseiller politique de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition guinéenne.
« C’est une confirmation (de ce que nous redoutions déjà), nous allons nous retrouver et réagir en conséquence. Moi je rentre à Conakry dès demain. Il faut tout d’abord qu’on se concerte, partis politiques et FNDC et ça ne va pas tarder. » a déclaré Sidya Touré, président de l’UFR, la troisième force politique du pays en séjour à Paris.
Le FNDC appelle à une plénière extraordinaire des leaders du FNDC ce vendredi 20 décembre pour définir la stratégie à adopter face à la nouvelle donne. D’ores et déjà beaucoup appellent à durcir le ton et à passer à la vitesse supérieure.