La fin de la concession du Groupe Bolloré à travers Douala International Terminal (DIT) prévue le 31 décembre 2019 ouvre une période d’incertitudes pour l’exploitation et la maintenance du terminal à conteneurs du port de Douala.
Par la rédaction
Sauf changement dernière minute comme le subodorent des sources introduites dans les allées du pouvoir, le Groupe Bolloré ne s’occupera plus de la concession des activités de rénovation, de modernisation, d’exploitation et de maintenance du Terminal à conteneurs (TAC) du port de Douala-Bonabéri.
Lesdites activités seront dévolues à la Régie du terminal à conteneurs (RTC) sous la responsabilité du Port autonome de Douala (PAD). Ce changement selon des observateurs est la consécration d’une impréparation, qui vient prendre le relais d’une collaboration fructueuse avec l’écosystème qui a permis au cours des quinze dernières années au Port de Douala, de disposer d’un processus fluide de gestion des marchandises aussi bien à l’importation et qu’à l’exportation.
Jusqu’ici, DIT était le partenaire privilégié de la douane avec laquelle un système d’interconnexion des données était en vigueur. Ce dispositif a permis selon les douanes camerounaises de réduire les délais de traitement des dossiers dans des conditions de sécurité. Le même dispositif était interfacé avec ceux du Guichet unique du commerce extérieur (GUCE), de l’administration des fiscale et du Port de Douala facilitant aux opérateurs économiques, la conduite de leurs opérations sur la place portuaire de Douala en terme de coûts et de délais.
Dès le 1er janvier 2020, le PAD annonce la mise en service d’un nouveau système de gestion du terminal appelé Navis pour lequel le PAD a engagé début décembre la formation de son personnel qui ne pourra être opérationnel au moment de son lancement. Et pour cause, « pour la mise en route d’un tel système de gestion, les experts de Navis qui ont déployé de tels systèmes dans d’autres terminaux à conteneurs indiquent qu’il faut en moyenne six à douze mois pour procéder au lancement d’une telle solution de gestion ». Quid de la mise en œuvre d’un tel système en un mois ?
C’est à juste titre que l’ensemble des lignes maritimes sollicitent depuis quelques jours de l’autorité portuaire de Douala, des précisions sur la mise en œuvre de la régie. En effet, la question de la gestion des données documentaires destinées aux opérations du terminal à conteneurs du Port de Douala a poussé les armateurs à mettre en œuvre des solutions pour prévenir les blocages inhérents à la fin de la concession de DIT et aux risques d’une fin de concession précipitée. Les Ports de la Côte Ouest-africaine s’organisent pour faire face aux flux détournés du Port de Douala. Car en effet, le risque de congestion est inéluctable.
Dans ce sillage, une réunion tenue cette semaine à la Direction générale des douanes a convaincu le Ministre des finances de retarder la mise en œuvre au Port de Douala, du nouveau système douanier CAMCIS lancé en grande pompe fin 2019. Des sources au secteur des douanes de Douala envisagent à juste titre le retour au traitement physique des procédures douanières et fiscales.
Autre risque, la collecte des recettes fiscales et douanières mobilise par ailleurs, l’attention des administrations en charge de l’assiette. Le Port de Douala étant un pôle majeur de collecte des recettes, les errances de l’administration sont une source d’inquiétudes dans un contexte de rareté des ressources budgétaire.
La question non tranchée du statut du personnel de DIT est un enjeu. Comment le personnel de la régie, dont les modalités contractuelles (CDI ou CDD) restent encore floues, vont-elles se mobiliser pour procéder à la poursuite des activités du terminal à conteneurs ? Le changement de logiciel de gestion en rajoute aux craintes qui s’amoncèlent.
C’est dans ce contexte d’inorganisation et d’impréparation que les filières sensibles des produits d’exportation du Cameroun et du Tchad sont fortement menacées. Les conditions de gestion du port de douala vont ainsi influer la balance commerciale du Cameroun. Notamment pour ce qui concerne les produits du secteur du cacao, du café, du coton et du bois qui bénéficiaient ainsi des résultats de la modernisation du terminal à conteneurs.
Tout laisse croire que les tracasseries envisagées auront un impact indéniable sur la cherté des produits et de la destination Cameroun. Toutes choses qui sont susceptibles d’avoir des conséquences fâcheuses pour l’économie de la sous-région.