A l’instar de toutes les Bourses africaines, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’UEMOA a fini 2019 sur un trend baissier.
L’indice composite de la place abidjanaise s’est effrité de 7%, ayant toutefois réussi à limiter la casse comparé au recul de -12,25% de la Ghana Stock Exchange (GSE), au plongeon de -14,6% de la Nigeria Stock Exchange (NSE) ou encore au crash de 18 % de la Bourse de la Zambie (LuSE).
Mis à part l’effet fin de l’embargo du Zimbabwe (ZSE) qui a vu son indice s’envoler de 57%, on a relevé sur l’exercice 2019, le réveil de la Bourse de Nairobi (NSE) , en hausse de 18%, le retour en territoire positif de la Bourse de Casablanca (+7%) après trois ans de purgatoire pendant que la place financière tunisienne (-2,06%) , toujours convalescente, peine à sortir la tête de l’eau, avec une contre-performance annuelle de -2,06%. C’est dans ce contexte contrasté que la BRVM a pu limiter une tendance baissière africaine en contradiction avec l’envolée exceptionnelle des places financières mondiales et des Bourses des économies émergentes.
L’année 2020 devrait sonner la reprise à la BRVM de l’avis des professionnels qui estiment qu’avec des entreprises cotées présentant de bons fondamentaux, un PER moyen de 10 et une croissance du PIB de l’UEMOA de plus de 6%, soit l’un des plus élevés en Afrique, le marché sera actif pour les investisseurs frontières habitués à miser sur des places similaires. La dynamique devra être soutenue par les réformes et plus d’ouverture vers le grand public.
D’ailleurs, Dr Felix Amenounvé, le DG de la BRVM, élu financier de l’année par le magazine Financial Afrik, annonce l’introduction prochaine de la toute première PME sur le troisième compartiment dédié à cette catégorie.
Parmi les réformes attendues, celle portant sur la Bourse en ligne devrait faciliter davantage les souscriptions et les transactions ainsi que l’accès de l’épargne populaire au marché à partir d’un simple terminal téléphonique.
Perspectives 2020 et vision prospective 2030 selon Dr Amenounvé
La BRVM développera des «Green bonds» intégrant les enjeux de durabilité et de changement climatique et des «Social Bonds» axées sur l’inclusion sociale et la RSE. Saisissant l’occasion de la présentation du bilan 2019 et des perpectives 2020 de la BRVM et du DC/BR, Dr Amenounvé a présenté sa vision prospective sur l’évolution des marchés financiers en Afrique et dans le monde pour la décennie 2020-2030. Elle se décline suivant plusieurs axes au regard de l’évolution technologique ainsi que des enjeux du changement climatique et de la durabilité. Il s’agit d’abord , détaille le DG de la Bourse régionale , «de l’approfondissement des marchés de capitaux avec l’émergence de mégas entreprises à rayonnement international dont la capitalisation dépasse le PIB de plusieurs pays». Autre paramètre déterminant, l’innovation au service de l’épargne par le développement d’instruments de collecte innovants touchant l’épargne où qu’elle se trouve. L’évolution de la technologie laisse entrevoir dans un avenir proche, a expliqué Dr Amenounvé, l’apparition et le «développement accéléré de « Bourses digitales et disruptées». Ces phénomènes se traduiront par l’utilisation massive des nouvelles technologies dans tous les métiers de la Bourse avec l’apparition de cyber traders et de cyber asset managers ; l’éducation financière et boursière axée sur l’« open learning » ; et enfin l’union des marchés de capitaux pour offrir des espaces plus intégrés et plus profonds aux investisseurs. Laboratoire de l’innovation et instrument d’intégration, la BRVM cherchera en 2020 à renouer avec la dynamique haussière des années 2012 -2016.