L’urbanisme social et écologiquement responsable est au cœur des enjeux des développements des villes en Afrique. Paul Kagamé, le président rwandais, n’a pas caché sa volonté de développer son pays en terme d’infrastructures et d’urbanisme en mobilisant la diaspora. Joel Buleli, belgo-rwandais, a répondu à l’appel en lançant Soteko. RC
Pourquoi avez-vous lancé Soteko au Rwanda ?
C’est au Rwanda que le contexte est le plus propice pour lancer notre projet dans la région des Grands Lacs. Le gouvernement rwandais a fait de la question du logement abordable, une priorité sans négliger l’aspect écologique.
De plus, Kigali est engagée dans la recherche de nouvelles technologies afin d’améliorer les conditions de vies sociales des rwandais avec la « Tech for Good » qui inclut totalement les smart cities dans leur champ d’action. Et il faut dire que la croissance économique que le pays connaît actuellement est très incitative. Enfin, une structure comme « Smart Africa », basée à Kigali et dirigée par Lacina Koné est tout à fait le genre de partenaire visionnaire que nous recherchons. Notre rencontre avec lui lors du sommet Afric’Up l’a confirmé. C’était donc le bon moment pour créer Soteko.
Combien de logements souhaitez-vous construire ? A quelle échéance ?
Notre premier parc pilote comprend près de 400 unités de logements qui seront construites en deux temps. La première phase sera livrée fin 2021 et la suivante entre 2022 et 2023. À long terme, nous souhaitons implanter 1 000 logements au Rwanda, à Kigali, et dans d’autres villes secondaires sur différents sites allant de 3 à 5 ha. Nous portons une vision sur le long terme marquée par la création d’espaces de vie inclusifs qui contribuent à la prospérité des zones géographiques de nos constructions. C’est aussi le sens que nous donnons à notre activité avec le concept de «la ville à 360°». Pour cela nous prévoyons un budget de 10 millions d’euros pour le projet pilote qui s’étendra entre 2020 et 2023.
Comment Soteko compte-t-il répondre aux besoins et objectifs fixés par Kigali ?
Comme dans n’importe quel pays, nous nous conformons au cadre réglementaire existant. Au Rwanda, celui-ci est très précis et détaillé, ce qui facilite grandement notre travail. Nous sommes aussi dans un dialogue continu avec les autorités sur place et les interlocuteurs concernés, notamment ceux en charge du logement et de l’urbanisme. Cette approche est essentielle car ce n’est que par un étroit partenariat public-privé que le défi de l’urbanisation durable pourra être relevé grâce au soutien de Vauban Invest qui s’engage à nos côtés pour la réussite de notre ambition.
Quelle place occupe l’écologie dans ce projet ?
La préoccupation environnementale est un des éléments moteurs de la réflexion sur les Soteko Cities et est au centre de leur conception. Nous favorisons les matériaux de construction locaux et naturels : briques de terre cuites dans des fours à biomasse pour les murs et cloisons en paille comprimée issues des résidus de culture de riz. On a ainsi des logements qui sont bien plus adaptés au climat local que ceux construits en ciment par exemple. On privilégie aussi les économies de ressources à travers la récupération des eaux de pluie, le traitement naturel des eaux usées, leur réutilisation et la récolte des résidus qui constitueront de l’engrais pour la ferme urbaine présente sur site.
Dans le cadre des smart cities, comment comptez-vous participer à la construction de villes intelligentes ?
La dimension physique du projet est en lien avec notre vision digitale de celui-ci. Tout comme nous avons une équipe dédiée qui travaille sur l’architecture des immeubles et du quartier dans son ensemble, nous développons l’architecture digitale du projet en collaboration avec le groupe Onepoint. L’objectif est d’avoir recours à la technologie là où elle a du sens pour les résidents et les visiteurs des Soteko Cities : avoir accès à un éventail de services, effectuer des transactions en un clic, surveiller sa consommation énergétique… C’est un cela que nos villes sont intelligentes.
Quelles sont les facilités ou obstacles que vous avez rencontré dans la concrétisation à venir de votre projet ?
La réactivité du gouvernement rwandais et le fait qu’il ait mis en place de structures pour faciliter les investissements dans le pays ont clairement été un avantage considérable. Toutes les démarches se sont faites avec une fluidité incroyable qui démarque vraiment notre expérience au Rwanda de celle que nous avons eu dans d’autres pays d’Afrique. Le plus grand défi que nous avons dû surmonter a été de trouver un terrain qui corresponde aux attentes de nos futurs clients, c’est-à-dire la diaspora et les résidents, mais aussi à celles de nos investisseurs. Le terrain que nous avons acquis à Rebero, sur les hauteurs de la ville, est une véritable pépite !
Quel est l’esprit que vous voulez insuffler à travers votre projet ? (vie communautaire, vie sociale et solidaire) ?
Soteko veut dire «Socialement engagé, technologiquement intégré et écologiquement responsable». Nous avons compris que c’est en travaillant sur ces trois piliers et en les mettant en synergie que nous pouvons arriver à insuffler un mouvement, une orientation visant une transition urbaine réfléchie dans la durée. En favorisant l’économie circulaire et locale, les circuits courts, ou encore l’efficacité énergétique, nous proposons aux habitants des Soteko Cities d’accompagner et devenir des acteurs de cette transition. En un mot, des pionniers de la ville de demain.