Le président Adama Barrow s’était engagé à quitter le pouvoir au bout de trois ans. Un délai suffisant, lui semblait-il, pour remettre la Gambie dans le droit chemin. C’était en 2016. Et l’unique candidat de l’opposition, ancien agent de sécurité à Londres, déroulait un discours qui électrisait les foules et qui finira par le faire triompher en déboulonnant Yaya Jammeh, aujourd’hui en exil en Guinée Equatoriale, de la State House où il régna pendant vingt deux ans. Mais, trois ans après cette promesse de campagne, le bien élu Adama Barrow se voit rappelé au bon vieux souvenir de son engagement. Sa réponse aux manifestants est à la mesure de l’écart entre le candidat qu’il était et le président qu’il est devenu. La répression de la marche organisée le 26 janvier 2020 par le mouvement Operation Three Year Jotna (Trois ans, il est temps ) montre que l’homme fort de Banjul n’ est pas dans les dispositions de quitter le pouvoir avant, argue-t-il, la fin de son mandat de cinq ans.
En faisant main basse sur Abdou Njie, président de Operation Three Years Jotna, arrêté tout comme 137 personnes, d’après Amnesty International, en suspendant deux radios, le président gambien met de l’eau dans le moulin de ceux qui l’accusent d’ambitions dictatoriales.
Les manifestations de dimanche revigorent en tout cas les partisans de Jammeh qui ont battu le macadam le 16 janvier dernier demandant le retour de l’ancien président. En réaction,
les supporters de Adama Barrow ne se sont pas fait prier pour exiger, le 22 janvier, par une marche géante, que la justice se prononce sur les viols, meurtres et diverses exactions commises sous le règne de celui qui prétendait guérir le Sida.
En poste depuis 2017, Adama Barrow est en fait rattrapé par la réalité économique de son pays petit pays enclavé au Sénégal et ne dépendant que de l’Agriculture (23% du PIB, 75% de la main d’œuvre), et, surtout, des services du tourisme de masse (52% du PIB). En 2019, le pays a accueilli 200 000 visiteurs drainés en particulier par le TO Thomas Cook.
Le budget du pays, estimé à 21,3 milliards de Dalasi (426 millions de dollars) pour l’exercice fiscal 2020, sert à 80% pour supporter les services de la dette et les charges de fonctionnement d’un État pléthorique. Le bond relatif du service de la dette, passé de 26 à 40% du Budget du pays entre 2019 et 2020, interpellent les observateurs.
La marge de manœuvre de l’Etat est d’autant plus réduite que le successeur de Jammeh n’a pas osé tailler sur les effectifs des 50 000 salariés de la fonction publique. Le taux de chômage des jeunes dépasse les 40% (41,5% exactement selon Gambia Bureau of Statistics ) alors que toutes les initiatives dédiées à l’emploi des jeunes sont restées sans effet.
Heureusement qu’il y a la manne des gambiens à l’étranger. Le Dr Saikouba Jabbi, premier vice-gouverneur de la Banque centrale de Gambie (CBG), a révélé que les envois de fonds vers le pays en 2019 ont atteint 318,5 millions de dollars, contre 277,8 millions de dollars en 2018. Avec 20% du PIB, les envois des gambiens de l’étranger représentent un ballon de sécurité pour un pays confronté à une transition politique et économique difficiles.
Un commentaire
Voilà, merci aux media qui ont présenté Jammeh comme un dictateur : si la justice existait ça serait à eux de payer le service de cette dette ! Mais il vont continuer à désigner tel ou tel comme un affreux dictateur, sans jamais mesurer les services qu’il ne cesse de rendre à son pays !!! Pauvres de nous !