Le banquier americano-burkinabé Simon Tiemtoré court toujours derrière sa première acquisition. Avant d’être candidat à la reprise des 3 filiales de BNP Paribas au Burkina Faso, au Mali et en Guinée, l’ancien sociétaire d’Afreximbank et CEO du fonds new-yorkais Lilum Capital, s’était présenté au Togo pour l’acquisition de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI), sur le marché des privatisations depuis une décade.
Un processus de gré à gré avait été initié par Lomé. Après moult promesses non tenues, les autorités togolaises ont clôturé la piste Lilium Capital. Jamais à court d’initiatives, Simon Tiemtoré se tourne alors vers son pays d’origine et « candidate » pour la reprise de la Banque Commerciale du Burkina Faso (BCB*) réussissant le tour de force de décourager toute concurrence. Une fois seule en lice et suite au retrait de Coris Bank International, le PDG de Vista échoue à concrétiser faute de fonds. La vente de 40% du capital de la BCB portait sur environ 7 milliards de Franc CFA. Conséquence, la BCB cherche encore repreneur dans un processus qui devait être clôturé depuis juillet 2018.
Bien avant ces deux échecs, Simon Tiemtoré s’était illustré au Nigeria pour l’acquisition de la FIB Gambia Ltd auprès de la société SLOK Holding dont le patron, Orji Kalu, ancien gouverneur de l’Etat d’Abia, est actuellement derrière les barreaux pour un détournement présumé de 20 millions de dollars. Dans le cadre de la reprise de FIB et de ces cinq filiales en Gambie, Sierra Leone, Guinée, Liberia et Congo, Lilium met en avant une ligne de crédit de 300 millions de dollars auprès de la banque russe VTB Capital, détenue à 92% par l’Etat russe. Cet accord de cession obtenu auprès d’une institution PEPs (politiquement exposée) tourne aujourd’hui au litige pour, là aussi, une question de disponibilité de fonds.
Selon les informations, Lilium devait verser 35 millions de dollars dans les filiales libérienne et congolaise à la signature, en conformité avec les exigences des banques centrales des deux pays concernés. En dépit de nos investigations, nous n’avons trouvé aucune trace d’un quelconque versement. Les deux filiales (FIBank Liberia et FIBank Congo) ont été reprises par leurs banques centrales. Face à cet incident, la partie nigériane demande à renégocier l’accord de cession. Lilium refuse et parvient même à faire transférer les actions de SLOK dans FIB en son nom dans le registre de la Gambie, siège de la Holding. Ce transfert suspect fait l’objet de plusieurs actions en justice . La Cour Suprême gambienne a débouté Lilium par un jugement du 30 juillet 2019, confirmant la propriété de SLOk sur le groupe bancaire et ses filiales.
Bien loin de se décourager suite à ces échecs successifs, le Quadra a postulé avec brio pour la reprise des 3 filiales de la BNP Paribas. Si jusque-là, Vista et Lilium ont franchi toutes les étapes techniques de validation du dossier et sorties indemnes des due diligence de la banque d’affaires BNP Paribas, tout laisse croire que ce sera, là aussi, sur la question de fonds, que le jeune banquier jouera son avenir. Ses liens antérieurs avec la banque russe VTB Capital, ses entrées auprès de Alpha Condé de Guinée, sa proximité avec quelques pontes politiques au Burkina Faso comme du reste, ses introductions américaines, en font un homme très influent. Une sorte d’OVNI de la finance, un sous marin russe aux couleurs américaines. Reste à ne pas confondre, influence et cash. C’est sur ce dernier détail, sonnant et trébuchant, que se négocie toute acquisition.
Les Notes de la rédaction
*Lilium Capital: cabinet financier basé à New York et à Maurice et spécialisé dans l’accompagnement des investisseurs dans les marchés frontières.
*La Banque commerciale du Burkina (BCB), anciennement Banque arabe libyenne du Burkina (BALIB), a été créée en avril 1988 dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat burkinabè et la Jamahiriya arabe libyenne représentée par la Libyan Foreign Bank (LFB). L’actionnariat est dominé par la Libyan Forein Bank pour 50% des parts et l’Etat du Burkina à travers le FBDES (Fonds burkinabè pour le développement économique et social) et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour 25% chacun.