A Dakar, face aux économistes, Kako Nubukpo a appelé l’Afrique à rompre avec la croissance sans développement au profit d’un nouveau modèle capable de créer de l’emploi. Le professeur s’exprimait, vendredi 31 janvier 2020, en marge de la cérémonie du lancement de son nouveau livre intitulé : « l’Urgence africaine, changeons le modèle de croissance ».
Ainsi, chercheurs, universitaires, professeurs, étudiants, professionnels ont suivi avec intérêt une démonstration implacable des problématiques du développement en Afrique. En écho au Brexit qui venait d’être acté en Europe, les panélistes africains ont également évoqué les limites de l’intégration économique régionale. Poursuivant son propos, l’auteur a expliqué que « le continent a une croissance tout à fait acceptable mais non créatrice d’emplois ».
Cette croissance africaine n’est pas suffisamment inclusive, souligne M. Nubukpo, pour des « raisons bien connues dans la littérature économique, notamment l’insertion primaire au sein du commerce international ». Ce qui fait que la croissance africaine peut être forte en tendance et volatile au cours des rythmes des matières premières, a-t-il démontré. Selon l’ex-ministre togolais de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques, « cet accroissement ne transforme pas suffisamment la matière première ».
L’universitaire a informé qu’il travaille avec ses étudiants sur la loi d’Arthur Okun rapportée à la situation de l’Afrique. Cette loi, explique-t-il, indique la proportion entre croissance du PIB et emplois générés dans l’économie. Le docteur en sciences économiques a exhorté ses pairs à travailler encore plus sur le dégré d’employabilité lié à la croissance économique dans nos pays.
Le cas de la Guinée Equatoriale
D’après ses chiffres, l’expansion économique actuelle se fait surtout dans les secteurs à forte intensité capitalistique et pas suffisamment dans ceux à forte intensité de main-d’œuvre. De ce fait, elle n’est pas suffisamment créatrice de revenus parce qu’étant souvent dans les secteurs à forte intensité capitalistiques comme les secteurs miniers. Prenant le cas de la Guinée équatorial (GE), le togolais a montré que son revenu brut (une fois qu’on a payé la propriété du capital) n’est que de 47% de son PIB. C’est-à-dire que, chaque année, plus de la moitié de la richesse créer en Guinée Equatoriale ressort du pays parce que le capital est étranger.
Donc, argue M. Nubukpo, « vous allez avoir une activité intense dans le pays qui va se traduire par une hausse des loyers de l’immobilier, poussant les populations vers les marges des grandes villes ». Au finish, ces populations ne vont pas s’enrichir parce que le capital ne leur appartient pas. Pour sa part, le professeur Moustapha Kassé, très attentif, a demandé aux économistes africains de pousser davantage la réflexion afin de proposer des modèles alternatifs de développement.
L’Afrique se cherche depuis des décennies pour assoir un bon modèle de développement et ainsi répondre aux urgences notamment à l’accès à l’eau potable, à l’électricité et, entre autres, au logement. Sur ce, les acteurs du développement, les chercheurs ainsi que les décideurs publics doivent travailler en étroite collaboration pour enfin mettre le continent sur les rails de l’émergence.