Par Rodrigue Fenelon massala, Grand Reporter
Après la décision rendue en première instance il y a une année, les acquittés de la Haye, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, étaient convoqués pour une audience déterminante ce jeudi 6 février à la Cour pénale internationale (CPI) ou se discutait les conditions de leurs libertés et de leur retour possible à Abidjan.
Les avocats de Laurent Gbagbo ont pris la parole en premier. Ils ont demandé à ce que leur client retrouve l’intégralité de ses droits. Ils s’appuient notamment sur la Convention européenne des droits de l’homme pour rappeler que la liberté d’une personne acquittée ne doit souffrir d’aucune restriction. Même ligne de position adoptée par la défense de Charles Blé Goudé. La position du Bureau du Procureur Fatou Bensouda a annoncé qu’au-delà de l’appel, elle entendait par la suite, demander l’ouverture d’un autre procès devant une autre juridiction. Pour la procureure, il est donc nécessaire de maintenir les conditions imposées à la liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pour éviter, selon elle, que ces deux responsables ne s’enfuient.
Autre argument soulevé dans son réquisitoire, la procureure Fatou Bensouda a demandé à la chambre d’appel de conclure à une procédure entachée de vices de procédures, et donc un non-lieu. Puis coup de théâtre, lorsque l’accusation a défendu ses idées, l’équipe de Fatou Bensouda a estimé que la justice n’avait pas été rendue, que l’arrêt qui a abouti à l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé était basé sur des vices de procédures. De quoi mettre l’eau au moulin des avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire, qui avaient, il y’a quelques mois, introduit une requête pour demander au nom du gouvernement Ivoirien le maintient de Gbagbo et de Blé Goudé en Europe, ont réaffirmé cette position devant les juges de la cour.
La plaidoirie de la défense
Prenant de nouveau la parole, la défense de Laurent Gbagbo par la voix de Me Jennifer Naouri a essayé de démonter pièce par pièce, les arguments des avocats de la Côte d’Ivoire. Me Jennifer arguant que « la véritable intention des avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire est de s’opposer au retour de Laurent Gbagbo dans son pays. Elle affirme dans sa plaidoirie à postériori que le président Alassane Ouattara veut empêcher tous les opposants de se présenter aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire en octobre 2020. C’est pourquoi, soutient-elle, les députés sont arrêtés et jetés en prison et même M. Soro Guillaume, allié de Ouattara, est aujourd’hui pourchassé parcequ’il s’est déclaré candidat à la présidentielle. Pour la défense de Laurent Gbagbo, le vrai sens de l’intervention des avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire à la CPI est d’empêcher Laurent Gbagbo de retourner dans son pays et de jouir de ses droits inaliénables . « M. Le juge, nous vous demandons d’ignorer purement l’intervention et les arguments des avocats du gouvernement de côte d’Ivoire » Conclu t- elle .
Pour conforter sa thèse, Me Jennifer Naouri fait diffuser une vidéo dans laquelle on voit le président Ouattara parler aux journalistes en disant qu’il n’avait jamais mandaté les avocats de l’état de Côte d’Ivoire à intervenir à la CPI… Ouattara déclarait : » L’Etat de Côte d’Ivoire n’a jamais envoyé quelqu’un demander le maintient en détention de Gbagbo et blé Goudé, c’est de l’intoxication, le gouvernement ne se mêle pas des histoires judiciaires.. » C’est dans cette optique que l’avocate de Laurent Gbagbo a interpellé les juges en ces termes : » comme vous venez de le voir, Mr Ouattara , président de la côte d’ivoire, dément avoir envoyé ses avocats pour vous demander le maintient en détention des accusés, par conséquent je vous demande d’ignorer royalement ces messieurs là » …
La session publique de la CPI dans l’affaire le Bureau du procureur contre Laurent et Charles Blé Goudé vient de prendre fin. En effet, au regard de tout ce qui précède, le Procureur , la représentante légale des victimes , et les avocats du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé devront verser des écrits au Greffe de la CPI d’ici demain à 16 heures . C’est à la suite de cet examen minutieux que les juges de la chambre d’appel délibéreront et donneront la date du prononcé de leur décision. Il n’y a plus de procès. Les acquittés seront situés sur les termes de leurs libertés notamment si la Cour prend la décision de les laisser rentrer librement en Côte d’Ivoire .