La succession à l’Afrique du Sud au poste africain de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2021-2022 ne fait toujours pas l’unanimité. Le sujet devra être abordé au 33e sommet de l’Union africaine (UA) qui se tient ce week-end à Addis Abeba, notamment lors de la réunion ce jeudi 6 février entre les ministres des Affaires étrangères des 55 pays membres de l’organisation continentale.
Le sujet est sur la table depuis plus de deux ans, lorsque le Kenya avait annoncé, en 2017, ses intentions d’obtenir ce fauteuil. Quelques mois plus tôt, les autorités djiboutiennes avaient déjà affiché leurs ambitions, s’appuyant sur le principe de rotation.
Dans un communiqué publié mercredi 5 février, le pouvoir d’Ismaïl Omar Guelleh a « réaffirmé son ambition de siéger en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies ». Et de contester « formellement » le processus mené au sein de l’UA qui a abouti, fin août 2019, à la candidature du Kenya qui a obtenu 37 voix contre 13 pour un Djibouti moins lobbyste.
« Cinq des dix membres non permanents du Conseil de sécurité seront élus à l’occasion de la 74e session de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra en juin 2020 à New York. Un de ces cinq sièges revient statutairement à l’Afrique et, selon la tradition de rotation régionale adoptée par l’Union africaine, c’est au tour de l’Afrique de l’Est de postuler », rappelle Djibouti – qui, faut-il le rappeler, préside à compter de ce jour et ce pour un mois, le Conseil Paix et Sécurité de l’UA.
Selon autorités djiboutiennes, le processus de l’UA ayant conduit à la « candidature concurrente » du Kenya « s’est déroulé en contravention des règles et des traditions de l’organisation ». Elles soulignent, par ailleurs, que les textes prévoient qu’en cas de candidatures multiples ou d’absence de consensus, les États sont départagés selon le principe de la dernière rotation et celui de la fréquence. « Dans les deux cas de figure, la candidature de Djibouti aurait dû s’imposer. En effet, Djibouti a servi au Conseil de sécurité pour la dernière fois en 1993-1994 et le Kenya en 1997-1998. En outre, Djibouti n’a servi qu’un seul mandat dans toute son histoire (1993-1994) et le Kenya deux mandats (1977-1978 et 1997-1998) », se défendent-elle.
En rappel, le pays avait formalisé début décembre 2019, le lancement de sa candidature par une réception dans un grand hôtel de New York, un mois après la même opération menée par le Kenya dans un autre établissement hôtelier proche de l’ONU. « La République de Djibouti considère sa candidature comme légitime et comme étant celle de l’Afrique réunie. En conséquence, elle entend la défendre et la promouvoir jusqu’au vote devant l’Assemblée générale des Nations unies, en juin 2020 », martèle-t-elle.
Si l’UA avait toujours réussi à dégager des consensus sur le choix des candidats africains au Conseil de sécurité de l’ONU, les prochaines échéances constituent pour elle un goulot d’étranglement à « manager » afin de ne pas faire place à la jurisprudence dans les prochaines années. Un exercice plutôt délicat pour les chefs d’Etat qui se réunissent dimanche et lundi à Addis-Abeba pour des échanges qui, officiellement, seront dominés par les conflits armés notamment en Libye, au Sahel et au Soudan du Sud.