L’une de ces deux personnalités sera portée à la présidence de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF) au terme des 44ème assemblée de l’organisation africaine. Dans ces deux entretiens qu’ils ont spontanément accepté de nous accorder (témoignant de leurs aptitudes en matière de communication), le gabonais César Ekomié-
Aféné et le camerounais Téophile Moulon (dont l’entretien est à lire sur ces colonnes, mercredi 12 février 2019) déroulent leurs programmes et livrent des appréciations sur la marche de la zone CIMA et des marchés couverts par la FANAF
Vous êtes candidat à la présidence de la FANAF. Qu’est-ce qui motive le sens de votre engagement ?
Il y a tout d’abord mon parcours. Je suis juriste, titulaire d’un DESS en droit des affaires, et je compte une longue expérience au service de l’assurance. J’ai fait mes premiers pas dans le monde des assurances en 1982 à l’Union Assurances du Gabon (UAG). En 1993, j’en suis devenu Directeur Général jusqu’en 1997. Date à laquelle j’ai été nommé à la tête de la direction générale d’AXA Assurances et AXA Vie Assurances au Gabon, pour enfin rejoindre le Groupe NSIA en 2000.
D’abord Directeur Général et administrateur de NSIA Assurances Gabon et NSIA Vie Assurances Gabon, j’ai été nommé Directeur Régional Afrique Centrale du Groupe NSIA en 2014 avant de devenir, en 2017, Président du Conseil d’Administration de NELSON RE, la société de réassurance du Groupe NSIA. Promu Administrateur à la Fondation NSIA de 2015 à 2016, je suis aujourd’hui administrateur des sociétés NSIA Assurances au Gabon, au Congo et au Sénégal. Par ailleurs, j’ai été Président de la Fédération des Sociétés d’Assurance (FEGASA) entre 1987 et 2000 et membre du Conseil Économique et Social Gabonais de 2001 à 2010.
Mon expérience à la FANAF démarre en 2002 en tant que Vice-Président, un poste que j’ai assumé durant six ans. De 2009 à 2010, je suis désigné 6ème Vice-Président de la Confédération Patronale gabonaise. J’ai été, en sus de mes activités, enseignant vacataire à l’Institut International des Assurances (IIA) de Yaoundé. Mon parcours et mon implication à différents niveaux dans le secteur des assurances motivent ma candidature. Je contribue de manière active à la vie de notre fédération depuis des décennies et je porte un programme axé sur l’accompagnement des compagnies d’assurance.
Au-delà du marché gabonais, qui sont vos soutiens dans cette initiative ?
En effet, la majorité des compagnies et acteurs du marché gabonais m’a, spontanément, apporté son soutien. En dehors du Gabon, j’ai rencontré plusieurs membres et acteurs de l’assurance. Ma candidature a déjà obtenu le soutien de certains présidents de groupe et de quelques membres. La tendance est favorable. Il faut cependant demeurer vigilant.
Pouvez-vous décliner votre programme en quelques lignes ? Quels sont les axes de réformes qui vous paraissent prioritaires ?
Mon programme consiste principalement à accompagner le secteur pour relever le taux de pénétration du marché. Ce ratio est actuellement de l’ordre de 1% en moyenne en zone CIMA contre moins de 3% en Afrique, ce qui donne une idée des efforts à déployer pour démocratiser l’assurance.Je compte renforcer les actions de promotion de la micro-assurance et de la digitalisation pour donner de l’impulsion au marché et soutenir les différentes initiatives mises en œuvre. Nous plaiderons auprès des autorités pour le relèvement de l’assurance obligatoire, cruellement limitée à deux ou trois selon les marchés, contre un chiffre avoisinant 90 en France par exemple.
Nous comptons aussi plaider pour une révision de la fiscalité des produits d’assurance et leur harmonisation dans la zone CIMA. Il nous paraît nécessaire de sensibiliser les acteurs afin d’améliorer l’image de l’assurance par la bonne gouvernance et le respect de nos engagements. Le deuxième axe de mon programme porte sur l’amélioration de la gestion des ressources humaines. C’est un pilier essentiel du renouveau de l’assurance. Nous œuvrerons aussi à l’amélioration du système de collecte des statistiques et des données.
Concernant la FANAF elle-même, nous allons poursuivre une réflexion, déjà engagée par le bureau sortant, sur les moyens humains et financiers de l’organisation. Cela devra nous permettre d’être mieux armé pour faire face aux multiples défis et ambitions affichés dans un environnement qui évolue rapidement au rythme de l’internationalisation et de la mondialisation. Comme vous le voyez tout est prioritaire.
Vous êtes un acteur connu du marché gabonais des Assurances. Comment évolue ce marché au regard de ses potentialités ?
Le Gabon est un marché fortement industrialisé avec une population relativement faible. Ainsi, 80% des souscriptions proviennent de sociétés industrielles et de grands commerces. Il y a un potentiel à développer à travers la micro-assurance en direction desménages, des particuliers et du secteur informel. Il y a un travail de vulgarisation à poursuivre. En 2018 le marché avait totalisé 94 milliards de Franc CFA de primes dont seulement 20% pour la branche-vie.
Quels sont selon votre analyse les grands défis auxquels fait face la zone couverte par la FANAF ?
L’environnement panafricain est dynamique. Nous comptons une population jeune, une classe moyenne en plein essor et une forte croissance de l’économie et du secteur des infrastructures. Au vu des potentialités, nous pensons que des actions d’inclusion financière et le recours à la digitalisation accélèreront le développement de l’assurance. La révision des dispositions règlementaires pour favoriser le développement de notre industrie est également un défi. C’est l’une des importantes résolutions prises au terme des travaux de la 5ième édition du forum des marchés à Douala.