«Investing in African Mining Indaba» est assurément l’événement annuel le plus important pour l’industrie minière en Afrique. C’est là que les gouvernements, les ONG et la jeunesse africaine interagissent avec les sociétés minières de toutes tailles, permettant de dessiner l’avenir de ce secteur et de faire entendre toutes les voix. C’est également là que chaque pays minier essaie d’attirer des investisseurs en présentant ses opportunités et en ventant son environnement d’investissement, parfois par le biais de représentants gouvernementaux, gage de l’importance accordée à cette industrie. Lors de l’édition 2020 de Mining Indaba, la concurrence entre pays du Sahel a ainsi atteint des sommets, le Mali et le Burkina Faso sortant du lot et laissant la Mauritanie et le Niger, notamment, loin derrière.
Le Mali en pointe, la Mauritanie en queue de peloton
Lelenta Hawa baba Ba, ministre des Mines et du Pétrole du Mali, a siégé aux côtés de Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, la deuxième société aurifère mondiale, ainsi que des PDG de B2Gold et d’Enroxx. Bristow et ses homologues ont discuté de l’énorme attractivité du pays pour les investisseurs étrangers, malgré la menace terroriste. AfriMag rapporte que la construction de l’Ecole africaine des mines a été un sujet très discuté et présenté comme ayant fortement contribué aux prouesses minières du Mali. La qualité du panel et la forte implication du gouvernement ont confirmé que le pays est la destination minière la plus attractive au Sahel.
De son côté, Oumarou Idani, ministre des Mines et des Carrières du Burkina Faso, a été omniprésent pendant l’événement. Le pays étant confronté à une dégradation de la situation sécuritaire, le gouvernement a lancé une offensive pour maintenir l’intérêt des investisseurs miniers pour les vastes ressources minières du pays. Fort d’un stand très fréquenté, le ministre Idani a réalisé plusieurs interviews et visité plusieurs stands d’entreprises accompagné d’une importante délégation, de journalistes et de photographes. Semafo et IAMGOLD ont envoyé des représentants de haut niveau.
Le contraste a été saisissant avec l’image qu’a renvoyée la Mauritanie, très attendue du fait de son ouverture suite à son remaniement politique. Le ministre mauritanien des Mines, Mohammed Abdel Vettah, qui était attendu, ne s’est finalement pas présenté. Au final, l’image donnée par la Mauritanie n’a pas reflété l’immense richesse minérale du pays, se contentant de proposer un dépliant présentant deux opportunités minières mineures sans faire la promotion de ses mines actives, et drainant peu de visiteurs. La SNIM a aussi brillé par son absence, contrairement aux sociétés minières nationales d’autres pays africains. De même pour FQM et Algold, le premier pour cause de fermeture imminente de sa mine et le second, pour cause de faillite imminente. Au final, seul le stand de Kinross a donné à voir une réussite minière en Mauritanie .
De son côté, le Niger n’a pas envoyé de représentants gouvernementaux de haut niveau pour des raisons budgétaires, mais s’est positionné sur l’attraction d’IDE dans la future industrie aurifère du pays avec un stand impressionnant. Le pays était représenté par un acteur du secteur privé d’Endeavour Mining, dont le PDG est intervenu dans plusieurs panels.
Le Sahel, une région où investir
Alors que le Sahel est traditionnellement une destination minière attrayante, la région a dû rivaliser avec les stars du secteur telles que la RDC et l’Afrique du Sud, dont le Premier ministre et le ministre des Mines et de l’Energie, Gwede Mantashe, ont tenu des discours liminaires. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont également tenté d’attirer l’attention, le Président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a prononcé un discours enflammé lors de la journée d’ouverture, en insistant sur le cadre réglementaire incitatif et stable pour les investisseurs. La Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal, en envoyant leurs ministres des Mines. Au final, on retiendra la bonne représentation du Sahel lors de cette édition de Mining Indaba, où le Mali et le Burkina se sont positionnés en locomotive du secteur. Il ressort clairement des questions des investisseurs et de la satisfaction affichée qu’ils maintiendront leur activité dans les pays de la zone, et ce même sur fond d’insécurité croissante.