Moody’s Investors Service a publié ce lundi 17 février, un rapport sur la situation de la dette publique de huit Etats d’Afrique de l’ouest, tous membres de la CEDEAO. Un tableau jugé inquiétant, quelques années après l’allégement de la dette au titre de l’initiative PPTE (pays pauvre très endettés).
« En CEDEAO, le poids de la dette a aujourd’hui quasiment doublé par rapport à 2010 et semble peu enclin à diminuer, ce qui soulève des préoccupations quant à sa soutenabilité. Cette tendance s’accompagne de coûts économiques et sociaux potentiellement importants », a déclaré Lucie Villa, Vice-Présidente – Senior Credit Officer chez Moody’s, co-auteur du rapport cité dans un communiqué. En exemple, explique-t-on dans le rapport, une part croissante des recettes consacrées au paiement des intérêts affaiblit la capacité d’un gouvernement à favoriser la croissance et le développement.
Parmi les risques pouvant remettre en cause la soutenabilité de la dette, Moody’s met en avant une dynamique d’endettement défavorable ainsi qu’une faible capacité de financement et de gestion de la dette. Si le Togo (noté B3, perspective stable), et dans une certaine mesure le Ghana (B3, perspective positive) et le Nigéria (B2, perspective négative) font partie des « pays menacés », le Mali et le Niger demeurent particulièrement « sensibles à des chocs susceptibles d’augmenter de manière significative le poids de la dette et de détériorer la soutenabilité de leur dette » jugée « plus soutenable ».
Le Sénégal et la Côte d’Ivoire, pour leur part, « se montrent les plus performants en termes de gestion financière » même leur notation Ba3 est plus élevée et est assortie dans les deux cas d’une perspective stable. Les deux ténors de l’UEMOA affichent le niveau de dette extérieure contractée auprès des créanciers du secteur privé le plus élevé en pourcentage du PIB.
Une situation qui, selon Moody’s, inquiète d’autant plus que « tous les Etats de la CEDEAO que nous notons, à l’exception du Nigéria, ont bénéficié d’un allégement de leur dette dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) offert par la communauté internationale ». En conséquence, « le poids de leur dette est passé d’environ 80% du PIB en moyenne en 2000 à 30% 10 ans plus tard ».
Cependant, note l’agence, les ratios dette/PIB ont inversé leur cours et, dans quelques cas, dépassent désormais leurs niveaux d’allégement de la dette antérieurs à l’Initiative PPTE. « En 2019, la charge de la dette publique des pays PPTE de la CEDEAO a atteint environ 56% du PIB, soit le double de la moyenne de 2010 », ajoute-t-elle.