Les autorités camerounaises rejettent des allégations mensongères ainsi que des propos surprenants tenus par le président français à l’encontre de son homologue camerounais.
Par Achille Mbog Pibasso
Dans ces nuages brumeux qui obscurcissent le ciel de leur coopération bilatérale, le Cameroun et la France n’iront certainement pas jusqu’à rompre les relations séculaires qui lient les deux pays. De même ne serait pas encore envisagé, le rappel de leurs ambassadeurs respectifs, ce qui acterait effectivement une escalade diplomatique.
Toutefois, concordent des observateurs avisés, rarement les relations franco-camerounaises n’ont été aussi si tendues, aussi incertaines depuis des propos discourtois tenus le 22 février denier à Paris par Emmanuel Macron à l’encontre de Paul Biya.
Face à l’imbroglio et au tollé général que ces propos ont suscité, les autorités camerounaises étonnées par cette sortie inattendue du locataire de l’Elysée, soulignent avec force que dans l’exercice des fonctions régaliennes que le peuple camerounais souverain lui a confié, Paul Biya n’a pas de leçon à recevoir ni d’Emmanuel Macron, ni de quelque autre dirigeant.
La raison est toute simple. « Le président de la République du Cameroun est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger fût-il d’un pays-ami » rapporte un communiqué du Ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh.
En tout état de cause, « le président de la République est pleinement engagé dans l’accomplissement de la lourde et exaltante mission que Dieu Tout-Puissant et le peuple souverain lui ont confiée et n’a pas besoin pour ce faire de pression extérieure » poursuit le document.
Tenant compte des « dérapages » d’Emmanuel Macron, « la présidence de la République du Cameroun exprime sa profonde préoccupation au sujet du contenu de l’échange, abondamment relayé dans les réseaux sociaux, entre le président de la République française et un activiste, le 22 février 2020 à Paris et rejette fermement tant les allégations mensongères dudit activiste que les propos surprenants du président de la République française ».
Interpelé en public samedi dernier par cet interlocuteur d’un autre genre, Emmanuel Macron foulant au pied aussi bien les règles de bienséance que les codes diplomatiques s’était laisser-aller dans une déclaration tendancieuse au sujet de la politique intérieure du Cameroun, flinguant directement le président camerounais.
« J’ai mis la pression sur Paul Biya pour qu’il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. Je lui avais dit que je ne voulais pas le recevoir à Lyon tant que Maurice Kamto n’était pas libéré. Et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Et là, la situation est en train de se redégrader. Je vais appeler la semaine prochaine le Président Biya, on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences faites au Cameroun et qui sont totalement intolérables. Je fais le maximum » a affirmé Emmanuel Macron.
Une déclaration « maladroite » vivement condamnée au Cameroun non seulement par la classe politique et la société civile, mais aussi à travers l’organisation par des jeunes des manifestions de protestation contre la France et ses dirigeants le 24 février 2020 dans les rues de Yaoundé et Douala, les principales métropoles politique et économique du pays.