Le nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire en vigueur depuis le 11 juin 2018 réorganise et modernise les instruments, règles et modalités d’intervention de la BEAC en les arrimant aux normes internationales. Suivant les standards en la matière, conduire la politique monétaire consiste à agir indirectement sur le coût de la liquidité, notamment les taux d’intérêt interbancaires comme prix de la monnaie échangée. Ainsi, la BEAC intervient sur le marché monétaire pour en influencer les conditions, à travers des opérations d’injection ou de reprise de liquidités à fréquence hebdomadaire, des opérations de réglage fin, des opérations d’injection et de ponction de liquidités de plus longues maturités (1,3,6,9 et 12 mois), des opérations structurelles (achat/ventes temporaires ou fermes de titres et émission de bons BEAC), des facilités permanentes (prêts et dépôts) et des avances intra-journalières.
La nouvelle structure des interventions de la BEAC apporte plus de cohérence et de complémentarité entre les instruments, face à différents chocs conjoncturels ou structurels susceptibles d’affecter la liquidité du système bancaire. Ce dispositif est constitué d’instruments indirects (les taux d’intérêts de la BEAC) qui agissent à la fois sur l’offre et la demande de monnaie et de l’instrument direct, les réserves obligatoires, dont l’action complète celle des instruments indirects, à travers la composante demande.
En cohérence avec son objectif principal, à savoir la préservation de la stabilité monétaire (interne et externe) et depuis l’entrée en vigueur de son nouveau cadre de conduite de la politique monétaire, la BEAC a accentué l’orientation restrictive de sa politique monétaire, en lien avec le niveau des ressources oisives du système bancaire. En plus de garantir la stabilité de la monnaie, cette démarche devrait favoriser l’approfondissement du marché financier régional en général, et interbancaire en particulier. C’est dans ce contexte que le Comité du Marché Monétaire (CMM) a décidé lors de sa session ordinaire du 7 février 2020 du déclenchement des opérations de reprise de liquidités, dont l’opération principale de reprise de liquidités.
Les opérations de reprise de liquidités devraient permettre de stériliser les réserves oisives observées et mieux contenir les risques pesant sur la stabilité monétaire. A l’instar des injections de liquidités, ces opérations peuvent être aussi effectuées soit par appel d’offres (opérations de reprise de liquidités en blanc, réglage fin, maturité longue ou structurelles), soit par procédure bilatérale (facilité de dépôts et réglage fin).
Les appels d’offres au titre des reprises de liquidités ont également un caractère régional et peuvent être à taux fixe ou à taux variable. Contrairement à l’appel d’offres à taux fixe, où toutes les contreparties sont servies à un taux unique, pour l’appel d’offres à taux variables, chaque participant est servi au taux proposé. En outre, un taux plafond est fixé par la BEAC au-delà duquel les offres ne peuvent pas être retenues.
La technique d’adjudication à taux multiples, plus exigeante en matière de prévisions de flux financiers, incite les acteurs à dynamiser la gestion de leur trésorerie.
A l’annonce d’un appel d’offres, dont le communiqué est relayé dans
chaque pays par la Direction Nationale de la BEAC, les établissements de crédit
sont invités à
présenter au maximum cinq (5) offres, assorties chacune d’un taux d’intérêt différent. Ces soumissions se font directement via une application informatique dédiée, DEPO/X. Après réception de toutes les soumissions effectuées par les contreparties intéressées, la BEAC en établit une liste sur laquelle elles sont classées par ordre croissant des taux d’intérêt proposés.
Les offres présentant les taux les plus faibles sont satisfaites en priorité et celles à taux plus élevés sont successivement acceptées jusqu’à épuisement du montant total annoncé. A la tranche limite à servir correspondant au taux d’intérêt marginal de l’adjudication, si le volume restant à distribuer est inférieur au montant total sollicité, sa répartition se fera suivant une clé qui se calcule comme un rapport entre le montant résiduel et le montant total des offres au taux d’intérêt marginal.