Par Rodrigue Fénélon Massala, grand reporter.
On le savait à couteaux tirés avec le président Alpha Condé de la Guinée Conakry qu’il avait cité comme un obstacle à sa victoire à la présidentielle. L’intrépide Umaro Cissoco Embalô vient d’ajouter sur sa liste le président Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire lequel, selon son entourage, ne ménagerait aucun effort pour bloquer « le processus de normalisation en cours » depuis la victoire de Embalo au second tour suivie d’une investiture tout aussi contestée.
Objet de l’ire présidentielle, une correspondance adressée par la commission de la CEDEAO , via sa répresentation permanente, au Premier Ministre investi par le président de l’Assemblée démissionnaire, Aristides Gomes, pour l’informer d’une mission d’experts à Bissau. La démarche de la CEDEAO a suscité une vive réaction du gouvernement de Nuno Nabian, nommé par le Président élu, Embalo, étonné de ne pas avoir été associé. La commission de la CEDEAO présidée par l’ivoirien Jean-Claude Brou, l’ancien ministre du Commerce, réputé proche de Ouattara, est-elle entrain de jouer sa partition?
Il en faut apparemment plus pour désarçonner le gouvernement Embalo qui, à travers un communiqué bien assaisonné, a notifié à la CEDEAO de ne plus inclure des émissaires originaires de la Côte d’Ivoire dans ses missions à Bissau, compte tenu, assène le texte, de la position de ce pays, jugée « déséquilibrée « dans la gestion de cette crise. Suite à cette passe d’arme on ne peut plus directe, la CEDEAO a annulé sa mission prévue à Bissau.
L’instance communautaire a tenu par la suite à préciser qu’aucun ivoirien ne figure parmi ses experts mandatés contrairement aux allégations du gouvernement Embalo qui soutient, tous voiles dehors, que la Côte d’Ivoire joue un double jeu dans le règlement de la crise bissau-guinéenne.
Il sied de noter que lors du dernier sommet extraordinaire de la Cedeao tenu à Addis-Abeba en marge du sommet de l’Union Africaine, la Côte d’Ivoire et la Guinée avaient été les seuls pays qui tenaient mordicus à conférer à la cour constitutionnelle de Bissau un délais pour vider le contentieux. Cela, alors que tous les autres pays soutenaient, au regard du rapport des experts, que la commission électorale avait déjà, à deux reprises, confirmé la victoire du candidat Embalo.
Le president Embalo qui, selon nos sources, entend saisir dans les plus brefs délais le président Muhammadu Issoufou du Niger, président en exercice de la CEDEAO, ne manquera pas de protester contre ce qu’il qualifie d’ingérence démesurée de deux États dans le règlement de la crise Biseau guinéenne. Embalo est convaincu que Abidjan et Conakry jouent un jeu de cache cache avec les autres pays membres de la CEDEAO dans le dossier Bissau Guinéen.