«La temps des hommes… qui cherchent à s’incruster à vie au pouvoir, tire à sa fin». Ces mots du président nigérien Muhammadu Issoufou, président en exercice de la CEDEAO, prononcés lundi 9 mars à Abuja à l’ouverture de la 5ème législature du Parlement de l’organisation sous régionale, semblaient adressés au guinéen Alpha Condé. Le doute est définitivement levé quand le président nigérien, lui même sur le départ après deux mandats, félicite son homologue de Côte d’Ivoire: « Les parlements nationaux et le parlement de la CEDEAO sont le cœur de la démocratie dans notre espace communautaire. Je me réjouis de ce que les valeurs démocratiques y progressent. En témoigne la généralisation de la limitation des mandats à deux et de leur durée à 5 ans dans les constitutions de la quasi-totalité de nos États membres. En témoigne également la décision récente prise par mon frère et ami Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, de ne pas briguer un 3eme mandat, malgré la possibilité offerte par la constitution de son pays. Permettez-moi de saluer son courage et de l’en féliciter. Il s’agit là d’un événement majeur qui intervient dans un des pays les plus importants de notre communauté ».
Et Issoufou d’enfoncer le couteau dans la plaie: « le temps des hommes qui s’autoproclament providentiels et donc irremplaçables, des hommes qui cherchent à s’incruster à vie au pouvoir, tire à sa fin. Cela se traduira par des alternances plus fréquentes et par une respiration démocratique qui consolident les institutions démocratiques dont nos peuples ont tant besoin. Cela nous permettra de faire l’économie des crises comme celles que nous connaissons actuellement en Guinée Conakry et en Guinée Bissau. Je lance un appel à tous les acteurs politiques, dans ces deux pays, de se ressaisir afin de créer les conditions de l’apaisement et de la paix ».
En Guinée Bissau, l’élection présidentielle s’est déroulée dans des conditions de transparence et de crédibilité reconnues par tous les observateurs. Je renouvelle mes félicitations au vainqueur et demande à tous les autres acteurs de contribuer à la normalisation de la situation. En Guinée Conakry, notre organisation souhaite un dialogue inclusif permettant d’aboutir à des solutions consensuelles et apaisées », a demandé le président en exercice de la CEDEAO par ailleurs ami de longue date du président Alpha Condé. « Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu, ce sera ma plus belle réalisation », avait réitéré Issoufou Mahamadou, en octobre 2019 lors du sommet des anciens chefs d’Etat.