Les échanges extérieurs de la Tunisie ont dégagé, en 2019, un déficit commercial (FOB-CAF) de 19,4 milliards de dinars (6,098 milliards d’euros) après 19 milliards (5,972 milliards d’euros) en 2018, selon les données de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
L’Institut d’émission note que le déficit de la balance énergétique, s’est accentué en 2019 à environ 7,8 milliards de dinars, ce qui représente 40% du déficit commercial. « Hors énergie, le déficit de la balance commerciale s’est rétréci légèrement, en s’établissant à 11,7 milliards de dinars contre 12,9 milliards de dinars en 2018 », mentionne la BCT.
Quant aux recettes d’exportation, elles se sont élevées à 43,9 milliards de dinars contre 41milliards de dinars en 2018 du fait de la hausse des prix à l’export (12,6% après 15% en 2018). « En termes réels, souligne la BCT, les exportations ont accusé, en 2019, une baisse marquante de -5% après une hausse de 3,5% l’année passée ».
La ventilation sectorielle des exportations en volume fait apparaître une baisse quasi généralisée quoiqu’à des degrés différents. Le premier secteur exportateur, à savoir les industries des industries mécaniques et électriques (IME) (44% du total des exportations en 2019), a enregistré une baisse notable du volume de ses exportations de -2,4% après -0,5% en 2018. « Cette contreperformance porte la marque, notamment, des retombées de
la crise du secteur de l’automobile dans la zone Euro depuis mi-2018 », explique la BCT. Egalement, le secteur des industries de textile, habillement et cuir (THC) (20,5% du total des exportations) n’a pas été épargné des répercussions de la régression de la production
des industries de textile dans la zone Euro. Il a affiché, un net repli du volume de ses exportations, en 2019, de l’ordre de -6,2% après une hausse de 2,5% en 2018. Après plusieurs années de croissance positive, le secteur des autres industries manufacturières a terminé l’année 2019 sur une note négative, en affichant une régression de -0,8%. Le secteur de l’agriculture et des industries agro-alimentaires a également accusé un repli de ses exportations de -16,6% après une hausse de 42,1% en 2018, tiré par le recul des ventes de l’huile d’olive sur le marché international (172.000 tonnes contre 229.400 tonnes exportés en 2018). Le repli des exportations du secteur de l’énergie s’est poursuivi en 2019, quoiqu’à un rythme moins soutenu (-7,3% après -16,5% en 2018), sous l’effet de la baisse de la production du pétrole.
« Finalement, relève la BCT, la baisse des exportations du secteur des mines, phosphates et dérivés, s’est atténuée à -1% en 2019, après -12,9% l’année précédente ».
Quant aux dépenses d’importation, elles ont franchi la barre des 63 milliards de dinars en 2019(+5,4%) par rapport aux réalisations de 2018, soutenues par la hausse des prix à l’import (15,8% après 18,8% en 2018). Hors effet prix, les importations en volume se sont contractées de -9% contre une hausse de 1% en 2018. « Mis à part le secteur de l’énergie, souligne la BCT, tous les secteurs d’activités économiques ont affiché, en 2019, des baisses du volume de leurs importations ». En effet, celles du secteur des IME ont chuté de -12,1% contre une quasi-stagnation de 0,1% en 2018. Egalement, le secteur du THC a réduit ses importations de -8,4% contre 1,2% en 2018. Dans le même sillage, les importations du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire et celui des mines, phosphates et dérivés ont régressé de -6,7% et -24,3% respectivement (contre +0,3% et -5,1% en 2018).
En revanche, les importations du secteur de l’énergie ont poursuivi leur ascension, en augmentant de 2,7% après 1,3% en 2018. Selon la BCT, cette évolution porte la marque de la forte hausse de la facture du gaz naturel (1.258 millions de dollars américains contre 818 millions en 2018).
Du côté de la balance des services, les recettes touristiques se sont affermies, en 2019, à la faveur du renforcement continu des flux touristiques en provenance, notamment, des marchés traditionnels, notamment les marchés européens (2,8 millions touristes après 2,4 millions en 2018). Elles ont totalisé, en 2019, 1.821 millions d’euros, soit le niveau le plus haut depuis 2010.
Concernant les revenus du travail (en espèces), ils se sont également améliorés, durant la période sous revue, en s’établissant à 1.517 millions d’euros, en hausse de 14,2% par rapport aux réalisations de l’année passée.
Cependant, l’amélioration de la balance des services et des revenus des facteurs a atténué substantiellement l’impact du creusement du déficit commercial sur la balance des opérations courantes. Ainsi, la BCT avance que le solde courant s’est établi à -10 milliards de dinars (ou -8,8% du PIB) après avoir atteint un record historique de -11,7 milliards (ou -11,1% du PIB) en 2018. Hors énergie, le solde courant s’est mieux comporté comparativement aux années antérieures avec seulement -2% du PIB contre une moyenne de -5,3% pour la période comprise entre 2011-2018.
Quant aux réserves de change, elles se sont significativement consolidées, en se situant à 6.955 millions de dollars américains ou 111 jours d’importation, et ce, après trois ans de baisses continues. « Depuis le début de l’année 2020 et jusqu’au 5 février, révèle la BCT, les réserves de change se sont maintenues proches des niveaux de fin 2019 ».
L’appréciation du taux de change du Dinar vis-à-vis des principales devises entamée depuis avril 2019, s’est poursuivie au début de l’année 2020. Durant le mois de janvier 2020, le taux de change mensuel moyen du dinar s’est apprécié de 10,2% et de 7,2% en glissement annuel vis-à-vis de l’euro et du dollar américain, respectivement.