« Alors que le virus se propage dans le monde, tout l’enjeu est de savoir comment préserver les vies humaines et atténuer les préjudices économiques », écrit la Banque Mondiale sur son site.
« Nous savons d’expérience que seule une réponse rapide, coordonnée et ambitieuse face à une menace commune peut faire la différence pour l’économie mondiale. Et c’est bien ce qui se dessine : plusieurs pays ont dévoilé des programmes de relance tandis que de nombreux autres ont abaissé leurs taux d’intérêt. De leur côté, le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont organisé une aide financière massive pour aider les pays à surmonter cette crise sanitaire et à en limiter les effets délétères sur l’économie ».
Plus modeste dans les pronostics, la Banque Mondiale nous renvoie à nos incertitudes: « Personne ne peut dire avec certitude quel sera l’impact économique réel de cette flambée épidémique. Il y a encore trop d’inconnues : durée de l’épidémie, nombre de pays touchés et capacité des pays à se mobiliser durablement pour apporter une réponse coordonnée et concertée rapide. Ce que nous savons en revanche, c’est que cette épidémie survient à un moment où l’économie mondiale commençait juste à redémarrer après le passage à vide provoqué par la crise financière de 2009. ».
Pour les pays en développement, l’institution prévoit un durcissement des conditions de crédit, un ralentissement de la croissance et la mobilisation des ressources publiques en faveur de la lutte contre l’épidémie pourraient réduire le volume de fonds disponibles pour les priorités de développement. Une dépression économique retarderait également la lutte contre l’extrême pauvreté. « Il est donc impératif que les décideurs, partout dans le monde, prennent conscience du risque de propagation des préjudices économiques d’un pays à l’autre et qu’ils se mobilisent rapidement pour l’endiguer ».
Une crise multidimensionnelle
Les vecteurs potentiels de transmission sont multiples, à commencer par le commerce : les chaînes de valeur mondiales, qui représentent près de la moitié des échanges mondiaux, commencent à pâtir de la fermeture d’usines et du redémarrage tardif de l’activité. Viennent ensuite les flux financiers étrangers, qui pourraient fuir les pays touchés par le coronavirus. Puis le capital humain et financier national, de plus en plus sous-utilisé avec l’arrêt des usines et le confinement des travailleurs chez eux. Il s’agit ensuite du secteur touristique et du voyage, touché de plein fouet par la baisse de la demande et des restrictions de déplacement toujours plus contraignantes, alors qu’il constitue pour de nombreux pays en développement une source importante de revenu. Et, pour finir, l’effondrement des cours des matières premières, qui va pénaliser les pays en développement tributaires de ces recettes essentielles.
Dans ses recommandations, la Banque Mondiale appelle les gouvernements à « se garder de toute tentation protectionniste, qui ne fera qu’exacerber les perturbations dans les chaînes de valeur mondiales et accentuer une incertitude déjà grande ». Les gouvernements, poursuit l’institution, doivent éviter de restreindre les exportations de denrées alimentaires et de produits médicaux vitaux pour, au contraire, rechercher ensemble des solutions visant à accroître la production et la satisfaction des besoins là où ils sont les plus critiques.
La Banque Mondiale n’exclut pas de nouveaux déblocages de fonds
Les pays en développement peuvent compter sur le Groupe de la Banque mondiale pour les aider à prendre les mesures nécessaires dans ces domaines. Son premier financement d’urgence, de 12 milliards de dollars, a pour objectif de contribuer aux efforts de renforcement des systèmes de santé et d’atténuation des conséquences négatives pour les populations et les économies. En fonction de la durée et de la gravité de l’épidémie, le Groupe de la Banque mondiale pourra débloquer une seconde enveloppe de financement pour se concentrer plus spécifiquement sur les effets économiques et sociaux.
Le premier financement mobilise toutes les capacités du Groupe — celles de la BIRD, de l’Association internationale de développement (IDA) et de la Société financière internationale (IFC) — dans le but de limiter les dégâts le plus rapidement possible. Ainsi, IFC s’est rapprochée de banques commerciales pour augmenter le financement du commerce et les lignes de fonds de roulement des entreprises. Elle apportera par ailleurs une aide directe à ses entreprises clientes, en se concentrant sur des secteurs stratégiques tels que les équipements médicaux et les produits pharmaceutiques, afin de soutenir les chaînes d’approvisionnement et de limiter les risques d’aggravation de la situation.