Derrière les statistiques alarmantes du Coronavirus (Covid-19), il y a la course au vaccin qui oppose les grands laboratoires pharmaceutiques d’Europe et des USA. Les premiers comptent 136 équipes engagées sur un vaccin, les seconds débutent, ce lundi, des essais cliniques de leur nouveau vaccin dans une stricte confidentialité. L’idée pour les uns et les autres c’est de ne pas laisser un marché aussi important aller chez l’adversaire sans compter que la Chine, qui semble avoir maîtrisé l’épidémie (seulement 20 nouveaux cas dimanche ) semble être en longueur d’avance.
C’est dans ce cadre que le président américain, Donald Trump, a voulu faire acheter un laboratoire allemand, ses scientifiques, ses travaux et ses moindres secrets. Il s’agit de CureVac, situé à Tübingen dans le sud-ouest du pays. Le centre qui bénéficie de subventions du gouvernement allemand affirme être ”à quelques mois” de pouvoir présenter un projet de vaccin pour validation. L’annonce a été suivie avec stupeur outre-atlantique où la Maison Blanche voit par dessus la pandémie, une compétition économique où le Made In America doit s’imposer.
C’est ainsi que le PDG du laboratoire allemand a été invité, le 3 mars dernier, à la Maison Blanche pour discuter “des stratégies et des opportunités visant à un développement rapide d’un vaccin contre le coronavirus”, selon un communiqué de ce laboratoire. Curieusement, la société CureVac a annoncé une semaine plus tard, le 11 mars, le départ surprise de ce PDG, sans donner de raison. La cause semble toutefois entendue pour le ministre allemand de l’Économie qui a félicité de la “décision formidable” de CureVac de ne pas céder aux avances américaines et d’avoir “répondu clairement”.
Le président américain Donald Trump aurait donc proposé de racheter ce laboratoire pour une exclusivité américaine. D’où la fureur du gouvernement allemand qui dénonce cette OPA inamicale de la part de Washington et s’engage par la même occasion à ce qu’un tel vaccin soit développé en Europe. L’Allemagne “n’est pas à vendre”, a protesté le ministre de l’Économie Peter Altmaier sur la chaîne de télévision publique ARD. Et son homologue de l’Intérieur, Horst Seehofern a confirmé la véracité des informations publiées le même jour par le quotidien allemand Die Welt.
Un représentant gouvernemental américain, interrogé dimanche par l’AFP, a estimé que cette affaire était “grandement exagérée”. Parlant sous couvert de l’anonymat, il a indiqué que le gouvernement américain avait parlé à plus de 25 laboratoires pharmaceutiques affirmant pouvoir développer un vaccin et assuré que “toute solution qui viendrait à être trouvée serait partagée avec le reste du monde”.
Pour rappel, l’épidémie de coronavirus, a touché près de 5000 personnes et fait 12 morts en Allemagne. Pays le plus touché, l’Italie a enregistré 385 morts pour la seule journée de dimanche alors que l’Espagne et la France sont au stade trois. Face à la situation, Berlin a jugé “très important de pouvoir produire des vaccins en Allemagne et en Europe”, et prévenu qu’il pouvait mettre son veto à des projets d’investissement dans des entreprises nationales jugées stratégiques.
Pendant ce temps, l’Afrique
Alors que cette compétition mondiale fait rage, l’Afrique, en bonne spectatrice, est déjà hors course. Avec moins de 2% dédiée à la recherche et une industrie pharmaceutique d’importation, le continent aura, en bon consommateur final, tout juste à choisir entre les remèdes chinois, américains ou européens. Les remèdes et vaccins présentés ces derniers jours sur la toile et attribués à un médecin sénégalais et égyptien n’étant, bien entendu, que des fake news. La réalité est amère.