Au Sénégal, l’arrêté N°7782 du ministre de l’Intérieur, signé le 19 mars 2020, interdisant les rassemblements, les manifestations et fermant les mosquées sur toute l’étendue du territoire régional, « jusqu’à nouvel ordre, a vécu un test grandeur nature, vendredi 20 mars 2020. Dans le quartier de Yoff, à Dakar, des centaines de fidèles, membres de la confrérie Layenne, se sont opposés à l’arrestation d’un imam qui avait défié l’interdiction.
La grande mosquée de la ville de Touba, située à 194 km à l’est de la capitale Dakar dans le département de Mbacké a maintenu la prière contrairement à la mosquée Massalikoul Jinane de la confrérie Mouride, située à Dakar et concernée par l’arrêté du ministère sénégalais de l’intérieur, ainsi que l’explique un membre de cette confrérie. Epicentre du covid-19 dans le pays avec 21 cas positifs, cette cité symbole de l’islam noir, fondée en 1888 par le cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, a observé la grande prière du vendredi 20 mars 2020 en présence de milliers de fidèles, venus communier autour du Khalife général de la confrérie.
Présent à cette prière, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République sénégalaise, Mahammed Boun Abdallah Dionne, porteur d’un message spécial du président Macky Sall, s’est félicité de la contribution de la confrérie sous forme, rappelons-le, d’un chèque de 200 millions de Franc CFA, mis à la disposition de l’Etat dans sa croisade contre le virus. « J’étais venu à Touba pour délivrer le message du Chef de l’État au Khalife Général des Mourides. Un message de remerciements pour le geste ô combien important par rapport à cette grande contribution pour la communauté et pour le peuple Sénégalais, suite à l’entrée du Coronavirus au Sénégal ».
Pour rappel, 9 nouveaux cas de coronavirus ont été déclarés vendredi au Sénégal, qui totalise désormais 47 cas depuis le 2 mars, jour de l’apparition du premier cas dans le pays. L’Armée sénégalaise a mis en place à Touba un hôpital mobile de niveau 2 d’un coût de 1,3 milliard de Franc CFA permettant de diagnostiquer la maladie.
A l’échelle du pays, l’Association nationale des Imams et Oulémas du Sénégal a décidé, en date du 18 mars 2020, de suspendre la prière de vendredi dans les mosquées dirigées par ses membres, jusqu’à nouvel ordre pour, indique-t-elle, éviter les regroupements de foules, pouvant favoriser la propagation du coronavirus (Covid-19). Une décision pas suivie par la Ligue des Imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS) qui, dans une déclaration du 18 mars, accepte de surseoir à la grande prière de vendredi dans les mosquées mais pas aux cinq prières quotidiennes.
Le président sénégalais Macky Sall a décrété depuis le 14 mars l’interdiction des manifestations publiques, la suspension des cours et l’annulation de toutes les festivités prévues le 4 avril, 60e anniversaire de l’Indépendance du Sénégal.