D’un côté il combat le groupe islamique Boko Haram pour son interprétation de la loi islamique. De l’autre, il a la propension à lutter contre la mauvaise gouvernance, les détournements et extorsions de fonds. C’est d’ailleurs dans cette ligne d’idée qu’il a accusé la compagnie nationale des hydrocarbures, la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC), d’avoir détourné des milliards de dollars. Une accusation qui lui vaut, selon des indiscrétions, toute cette punition.
Car, suite à l’accusation portée contre la compagnie nationale des hydrocarbures en 2014, l’émir Muhammadu Sanusi II, alors gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria (CBN), avait été remercié par l’ex président Goodluck Jonathan. Six ans plus tard, le technocrate reconverti en chef coutumier vient d’être frappé par une nouvelle mesure, à travers un communiqué lu par Alhaji Usman Alhaji, secrétaire du gouvernorat de Kano: « L’émir de Kano a manqué totalement de respect vis-à-vis des instructions légitimes du bureau du gouverneur de l’État et d’autres autorités, y compris par son refus persistant d’assister aux réunions et aux programmes officiels organisés par le gouvernorat, sans aucune justification légitime, ce qui équivaut à une insubordination totale».
Ainsi, les menaces du gouverneur Abdullahi Umar Ganduje étaient entrain d’être mises à exécution. Face à ses nombreuses interventions sur la corruption qui sévit dans l’Etat de Kano et mettant directement en cause le gouverneur, L’Emir de Kano savait que, malgré son titre de grande figure du pouvoir traditionnel au Nigeria, et son rang de deuxième autorité musulmane, il s’exposerait à des sanctions voilées. A 58 ans, ce chef religieux vient non seulement d’être détrôné, mais relevé de ses fonctions d’Emir du Kano.
En réalité Le Lamido Sanussi a toujours dérangé les autorités du pays avec ces discours répétés sur la bonne gouvernance et ses prises de position sur le dividende démographique, la polygamie. Des positions jugées controversées pour les populations de Kano. Mais ils reconnaissaient un mot en cet Emir : La vérité. Le Lamido n’hésitait pas à donner ses points de vue sur le développement de l’Afrique. « Les perceptions comptent beaucoup. Il est donc urgent d’améliorer la transparence dans nos États, car celle-ci est clairement liée à la bonne gouvernance », notait Lamido Sanussi II Lamido , lors d’un panel de haut niveau co-animé avec plusieurs ministres africains, en présence du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina.
Brillant banquier et économiste libéral, Sanussi Lamido Sanussi a exercé dans le risk management, avant d’embarquer pour la Banque centrale du Nigeria, la plus grande institution financière d’Afrique, de 2009 à 2014. Sanusi Lamido Sanusi a été d’ailleurs élu « gouverneur de l’année » en 2010 par la revue britannique The Banker, liée à Financial Times. Pour se conformer aux fonctions de juge et de guide religieux musulman dans le nord du Nigeria, cet Emir a étudié l’arabe et la théologie sunnite à l’université africaine de Khartoum, en 1997.