Le terrain est glissant. Le confinement décidé un peu partout rime avec état d’urgence sanitaire et restrictions des libertés individuelles. La peur conjoncturelle sous-jascente vient se greffer à la défiance structurelle des masses vis-à-vis des élites confrontées, qui plus est, à choisir entre la chloroquine altermondialiste et les rigoureux protocoles scientifiques de recherche et mise en place de nouveaux médicaments, liés forcément à des brevets et des royalties.
Dans ce contexte favorable au conspirationisme, la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye aura appris à ses dépens : en temps de crise, toute improvisation se paye cash et tout entretien mal préparé peut déclencher le retour de bâton médiatique.
Pour justifier l’appel à aider les agriculteurs, la porte-parole du gouvernement a dit qu’il ne s’agissait pas de le «demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas», oubliant que ceux-ci sont sur le pont à distance. «Il va sans dire que nous n’entendons pas demander à un enseignant, qui aujourd’hui ne travaille pas compte tenu de la fermeture des écoles, de traverser toute la France pour aller récolter des fraises gariguettes.»
Depuis ce dérapage , la Franco-Sénégalaise fait l’objet d’une avalanche exceptionnelle de critiques. Ses excuses formulées en direct et sur Twitter n’ont pas éteint l’incendie. «Je suis la première à mesurer combien l’engagement quotidien des professeurs est exceptionnel. Nous savons tous l’engagement des professeurs pour assurer la continuité pédagogique, donc pas de polémiques inutiles», a expliqué Sibeth Ndiaye par la suite, implorant l’indulgence du peuple. Et comme si cette polémique ne suffisait pas, Sibeth Ndiaye, sollicitée par les journalistes, tente de justifier la polémique née de la récente sortie du président Emmanuel Macron, sans masque de protection. «Tout simplement parce qu’il n’y en a pas besoin dès lors qu’on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres». Pendant ce temps, le même Macron, se montrera de nouveau mais avec un masque… à Mulhouse.
A sa décharge, Sibeth Ndiaye, occupe le rôle le plus visible dans un gouvernement angoissé par les statistiques. Quittons la France et franchissons le détroit de Gibraltar. En Afrique, les communications gouvernementales, axées sur les mesures prises, les ripostes économiques et la justification de l’Etat d’urgence ne devraient pas prêter à confusion. Pourtant, le premier ministre marocain, Saâdeddine El Othmani, a dû s’y prendre par deux fois pour estimer le nombre de lits de réanimation dont dispose le royaume. Le chiffre de 250 lits avancé au départ alors que le Maroc dispose de plus 470 lits concernait seulement les lits importés en urgence il y a quelques semaines.
Plus au Sud, la fille du président Paul
Biya, Brenda Biya, apparue dans les réseaux sociaux, vêtue d’un manteau et dans un cadre inaccessible pour l’écrasante majorité de ses compatriotes, pour sensibiliser ses compatriotes sur le bienfait du lavage de mains semble avoir irrité sa cible. Eh oui, ce n’est pas tant les bonnes intentions et le message factuel qui compte que le contexte.
Au Mali, il a fallu plus de 10 jours au ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Boubacar Alpha Bah, pour présenter publiquement son test négatif au covid-19. Cela après que des lanceurs d’alerte aient révélé que le ministre avait été en contact avec
Simeon SAWADOGO, son homologue du Burkina Faso, testé positif au Coronavirus.
En principe, la menace qui pèse sur la société devrait permettre aux gouvernants de revêtir l’habit du super héros en respectant, eux les premiers, les consignes données au peuple. Les passe droits mis en évidence récemment à Abidjan et qui ont permis à une soixantaine de personnes d’éviter la quarantaine à leur atterrissage à l’aéroport Felix Houpheit Boigny, en dit long sur la difficile neutralité de la loi.
Attention à ne pas être tenté par la démonstration de force comme cet avion de la compagnie Air Algérie qui a effectué lundi 2 mars un vol entre Pékin et Alger, à la demande des nouvelles autorités, récemment élues et qui veulent se montrer à leur avantage, pour rapatrier des ressortissants algériens bloqués en Chine en raison du coronavirus. L’annonce de ce vol a suscité une vive polémique dans le pays.
En Tunisie, le président Kaied SAED, lui aussi nouvellement élu, a fait don de la moitié de son salaire tout en annonçant un couvre feu à partir de 18 heures donnant l’impression que le virus ne se déplaçait que de nuit.