Par Meissa M lo, Expert financier Mba en trading et gestion d’actifs.
La Banque mondiale avait lancé des “obligations pandémiques » communément appelées «Pandemic Bonds», le 28 juin 2017. Des obligations spécialisées visant à apporter un soutien financier au Mécanisme de financement d’urgence en cas de pandémie (Pandemic Emergency Financing Facility – PEF). La création du PEF a été annoncée par la Banque mondiale en mai 2016, lors de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs centraux du G7 à Sendai, au Japon. Le PEF fournira plus de 500 millions de dollars pour couvrir les pays en développement (ou pays pauvres) contre le risque de pandémie au cours des cinq prochaines années.
Le montage de ce produit financier a été possible grâce à une combinaison d’obligations et de produits dérivés dont le prix est déjà fixé. Avec une partie nommée «compte assurance» dont les primes sont alimentées par le Japon et l’Allemagne et qui consiste en des obligations et des swaps. Une deuxième partie, enveloppe « de liquidités » de 50 millions d’euros, est financée par l’Allemagne. Un troisième bloc nommé «argent comptant» (ready money) qui sera débloqué si toutes fois la première enveloppe issue du «compte assurance» ne couvre pas assez le confinement des maladies.
En cas de pandémie, les investisseurs donc souscripteurs des Pandemic Bonds, perdent une grande partie voire la totalité de leur investissement qui leur avait permis d’acheter ces obligations. Et les fonds sont versés aux pays les plus pauvres confrontés à une catastrophe sanitaire. Il est noté qu’actuellement c’est la firme AIR Worldwide Corp, (l’agent de calcul), qui agit en tant que conseiller pour la Banque mondiale, qui aurait le dossier en main. Qu’attendent AIR Worldwide Corp. et la Banque mondiale pour déclencher le mécanisme? N’y a-t-il pas suffisamment de dégâts et de catastrophes causés par cette pandémie dans le monde notamment dans les pays les plus vulnérables ? Attendent-elles qu’il y ait plus de malades ou plus de morts pour doter les financements aux Etats qui en ont le plus besoin ?
Des conditions de déclenchements trop rigides et restrictives
Ces Etats pourront mieux faire face à ce fléau donc sauver leur population atteinte et exposée au covid-19. Ceci s’explique par le fait qu’il y ait des conditions de déclenchements trop rigides et restrictives : 12 semaines doivent s’écouler après l’apparition de la maladie, la Banque mondiale rajoutant un délai supplémentaire de deux semaines et demi pour déterminer si les dernières conditions de déclenchement sont remplies, et un rapport qui doit être remis par la suite à la Banque mondiale et aux détenteurs des obligations, disposant aussi de quelques jours d’études et observations. Actuellement, on peut certes avancer que les résultats peuvent être « définitifs et contraignants » pour la Banque mondiale et les détenteurs d’obligations, sauf si dans les cinq jours quelqu’un identifie une erreur manifeste.
De ce fait, il urge que la Banque mondiale trouve un moyen rapide de transférer ces fonds aux pays à faible revenu. Car ni le nombre de décès, ni la vitesse de propagation de la maladie et le franchissement de cette maladie des frontières internationales – éléments éligibles et déclencheurs – ne sont plus à démontrer et à prouver. Il y a moins d’un mois, seul un pays d’Afrique sub-saharienne, en l’occurrence le Sénégal, était touché par l’épidémie. Avec plus de 25.000 morts dans le monde, aujourd’hui nul n’ignore que l’Afrique compte désormais plus de 3 300 cas et 90 morts.
La demande de gel des dettes des pays pauvres faite par le FMI et la Banque mondiale est sans doute une excellente initiative mais doter ces pays en voie de développement d’une capacité de financement directe de leur besoin urgent en matière de lutte contre cette pandémie virale (coronavirus) est la meilleure formule que peut proposer la Banque mondiale. Maintenant, on comprend facilement avec toutes ces conditions drastiques listées plus haut, pourquoi Bloomberg annonce que le versement se fera probablement à la date du 15 mai 2020, ce qui relativement pourrait être trop tard. AIR Worldwide et la Banque mondiale doivent savoir que tout retard en jour, heure, minute ou seconde, coûtera la vie ou exposera la vie de milliers, voire de millions de personnes.