Des interrogations font jour après que le Directeur général de Rawbank, Thierry Taeymans, ait retourné 35 millions USD au Trésor public pour obtenir sa libération conditionnelle de la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Ce montant est une partie des 65 millions USD destinés à financer la construction de 300 maisons préfabriquées dans le projet des logements sociaux. Ce paiement « motu proprio » s’inscrit dans le dossier judiciaire « Thierry Taeymans contre le Ministère public » en rapport avec l’audit sur le programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’État. La somme a été encaissée, selon les éléments préliminaires de l’enquête, par le sujet libanais Samy Jamal.
Ce remboursement bien que bénéfique pour l’Etat, cacherait en réalité un vaste réseau mafieux dans le chef des décideurs de la République. Sinon, s’interroge-t-on, comment est-il possible qu’une banque décide de son propre gré de mouvementer le compte de son client sans l’ordre de ce dernier ? En acceptant de rembourser ou de retourner cet argent, le DG s’est-il rendu coupable implicitement de l’aveu de détournement ? « Peu probable », répond un avocat d’affaires interrogé.. «Dans de telles circonstances, la banque cherche à endosser la responsabilité pour couvrir les vrais coupables qui sont les donneurs d’ordre étant haut placés. Non sans raison, en matière de sortie des fonds de l’État, il y a toujours un ordonnancier. Et la banque n’est qu’une exécutante. Le Procureur général avait bien fait d’aller de manière méthodique et séquentielle avec ce réseau, en commençant par les entrepreneurs bénéficiaires des fonds de l’État pour la construction des sauts-de-mouton et autres infrastructures jusqu’à coincer le banquier. Il y a, certes, des commanditaires qui ont certainement peur et ont dû passer un marché avec le DG de Rawbank pour qu’il endosse et les couvre. Aujourd’hui, je peux vous l’affirmer : les vrais coupables de cette escroquerie d’État courent toujours», soutient-il.
D’après les informations fuitées du parquet de Matete, le Procureur général sait pertinemment que Thierry Taeymans a couvert des hautes personnalités de l’administration bien éclaboussées dans ce dossier de détournement des fonds de l’État que le peuple congolais attendait impatiemment voir démasqués. «Le Procureur général connaît déjà le vrai ordonnateur mais les interférences politiques ont joué pour éviter qu’il soit exposé à l’opprobre populaire», selon une autre source au parquet de Matete.
Les scandales politico-financiers sous Félix Tshisekedi sont tels que même les caciques de l’UDPS commencent à s’en mordre les doigts. En effet, l’affaire 15 millions USD des pétroliers, la tentative de sortir 6 millions USD pour les festivités du premier anniversaire de l’alternance, l’affaire de 65 millions USD pour la construction des maisons préfabriquées qui a conduit le fameux Samy Jamal à Makala, la construction des sauts-de-mouton dont la gestion des fonds est opaque conduisant aussi le patron de CAA et de Safricas, David Blatner, à Makala. En définitive, « tous ces dossiers judiciaires, qui décotent Fatshi, risquent de l’emporter aux élections de 2023, s’il n’y prend garde », projettent des observateurs avisés.