Le Groupement interpatronal du Cameroun suggère au Gouvernement près d’une vingtaine de mesures fiscales, douanières et financières pour faire face à la pandémie du Coronavirus qui impacte déjà sur les entreprises.
C’est indéniable qu’il faudra se donner plus de temps pour connaître l’impact réel de la pandémie du Coronavirus sur l’économie camerounaise, les premiers soubresauts frappent de plein fouet plusieurs secteurs de l’économie nationale. Situation préoccupante qui n’a pas laissé indifférent le Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM) qui a adressé une batterie de propositions au Gouvernement en vue de réduire les effets négatifs de cette crise sanitaire sur l’outil de production.
Il s’agit essentiellement des mesures financières, fiscales et douanières dont l’implémentation devrait permettre aux entreprises autant que faire se peut, de maintenir leurs activités malgré une situation difficile que secoue l’économie mondiale.
Au plan fiscal et social, le principal mouvement patronal propose la suspension des contrôles fiscaux ainsi que le gel des redressements fiscaux en cours; le report, sans pénalités, des délais des Déclarations statistiques et fiscales pour autant que les soldes ont déjà été payés le 15 mars au plus tard; l’assouplissement des conditions de délivrance des Attestations de non-redevance (ANR); le report du paiement des acomptes de l’Impôt sur les Sociétés (IS).
Toujours comme mesures principales fiscales, le GICAM propose le report du paiement de l’Impôt sur le Revenu des personnes physiques (IRPP) sur les salaires; le report du paiement des contributions au Crédit Foncier et au Fonds National pour l’Emploi; le report du paiement des cotisations CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale) pour les entreprises dans l’impossibilité de verser des salaires à leur personnel avec cependant le maintien des couvertures CNPS pour les salariés concernés.
Selon toute vraisemblance, le GICAM s’est chargé de porter en direction des gouvernants, la voix des entreprises dans un contexte socioéconomique difficile où des créateurs de richesses ont clairement demandé aux pouvoirs publics de mettre en place, des mesures d’accompagnement pour sauver l’outil de production.
En ce qui concerne le secteur douanier, le patronat préconise l’assouplissement des mesures des contrôles (quarantaine de 14 jours) des navires pour les secteurs stratégiques et les produits sensibles (intrants agricoles, produits alimentaires finis et semi-finis, produits pharmaceutiques); la suppression, durant la période de crise, des surestaries et des frais de stationnement liés aux opérations de dédouanement; l’allègement et l’adaptation des procédures liées au dédouanement et au paiement des fournisseurs, notamment pour tenir compte des contraintes liées au confinement en cours dans les pays d’embarcation, de nombreux fournisseurs étrangers étant désormais dans l’incapacité d’accomplir certaines formalités; la suspension des contrôles douaniers après enlèvement.
Le GICAM emboîte le pas à la BEAC
Pour ce qui des mesures sur le plan monétaire et financier, le GICAM interpelle l’Etat à actionner tous les leviers pour soutenir l’activité. Dans cette perspective, il préconise l’activation des leviers monétaires pour approvisionner le système bancaire en liquidités (facilitation de l’accès des banques au marché monétaire par la baisse de ses taux d’intérêts, augmentation des plafonds de refinancement; l’accompagnement des banques et établissements financiers dans l’octroi des crédits de trésoreries aux entreprises; le gel, par voie règlementaire, des échéanciers de remboursement de crédits et de leasing des entreprises et des particuliers auprès des établissements de crédits, ainsi que la suppression des pénalités et des coûts additionnels y afférents.
Concernant le fonctionnement des entreprises, notamment la tenue des réunions des organes statutaires, le patronat suggère au Gouvernement d’autoriser la tenue des Assemblées Générales (AG) au-delà du mois de juin, tandis que qu’au plan budgétaire, le GICAM plaide pour l’accélération des remboursements des crédits de TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) et de la dette intérieure; la suspension des pénalités pour d’éventuels retards dans l’exécution des marchés publics et l’institution d’un Fonds de soutien aux PME et à l’artisanat.
De l’avis des observateurs, ces propositions du GICAM apparaissent comme une sonnette d’alarme sur les menaces qui pèsent sur les entreprises, et sur l’économie nationale. En d’autres termes, l’absence d’un accompagnement en bonne et due forme des pouvoirs publics engendreraient d’énormes conséquences sociales et économiques, avec pour corolaire, des licenciements massifs, la faillite des entreprises, la baisse du pouvoir d’achat et de la consommation, bref, une récession économique dont évoquait la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) lors du Comité politique monétaire (CPM) le 27 mars 2020.