Beaucoup d’économistes africains se sont prononcés sur la grande pandémie du Covid -19. L’expert sénégalais Abdou Cissé, dans une analyse implacable des interventions de la FED, de la BCE, de la Banque d’Angleterre et de celle du Japon, marquées toutes par l’injection massive de liquidités, déclare : «la France ne peut pas refuser à la zone CFA des pratiques monétaires qu’elle met en œuvre depuis 2015», opposant la réalité d’une France sous perfusion à celle d’une Afrique zone CFA tenue aux respects des rigueurs et normes monétaires. Quoi qu’il en soit, dans cette mondialisation triomphante, rien ne sera plus comme avant, opine l’économiste et essayiste ivoirien Dr René-François Monckeh, estimant que ce que le père du socialisme Karl Max, l’auteur du best-seller «Le capital», n’a pas obtenu depuis toujours, le coronavirus l’a obtenu en un temps record.
Pour autant, les institutions de Bretton Wood ne vont pas s’effondrer. Le FMI et la Banque Mondiale ont mis en branle une série de mesures. Cette dernière avait initié même des «Pandemics Bonds» dont il est question dans l’analyse documentée de Meissa Lô, expert financier MBA en gestion d’actifs. Loin de céder à la tentation moralisante de condamner ces pratiques de couverture de risques, Meissa Lô pointe du doigt «les conditions drastiques et restrictives qui retardent le versement des Pandemic Bonds au prix de la vie de millions de personnes». La finance étant le reflet de l’économie réelle, Dr Edoh Kossi Amenounvé de la BRVM, estime que «le Coronavirus met les Bourses mondiales à l’épreuve de l’efficience informationnelle».
Ramenant l’analyse au niveau de la zone CEMAC, Marc KAMGAING, CEO de Harvest Asset Management, basé à Douala, revient sur la semaine du 9 mars qui a vu le pétrole tomber à son plus bas depuis vingt ans et, à partir de cette tendance lourde, analyse l’impact de la chute des cours et du covid-19 sur la zone CEMAC. Pour Ousmane Dieng, expert comptable, nous devons agir «Africa First », écrit-il d’Abidjan, dans une chronique parue sur Financial Afrik où il encense le Rwanda de Paul Kagamé, mettant en équation la légitimité démocratique et l’efficacité technocratique. Son homologue malien, Cheikhna Cissé, économiste et banquier, analyse depuis Bamako, «Le monde entre paix imposée et guerre opposée », nous présentant un tableau bien peu reluisant du système sanitaire africain : «chaque 10 secondes, un enfant africain meurt de faim, chaque 10 minutes, 15 Africains sont tués par le sida, chaque heure, 45 Africains décèdent de paludisme.
Dans cette région du monde, il y a 0,5 lit par 1 000 habitants. Excusez du peu ! 70% de ces lits sont déjà occupés par des patients souffrant de pathologies liées à la qualité de l’eau et de l’assainissement». Ce diagnostic sans complaisance rencontre l’avis circonstancié du Burkinabé Dr Zacharia Tiemtoré, président de l’Institut Supérieur de Sécurité humaine, qui reprend ce constat qui fleurissait un peu partout : «Nous avons tenté de nous convaincre que ça n’était pas une maladie « de noirs » pensant que cela suffirait à nous épargner».
En tout cas, l’Afrique comme l’écrit Christian Kazumba depuis les rives du grand fleuve Congo, a une opportunité unique de changer de modèle de développement : « Nous partageons tous le sentiment que plus rien ne sera jamais comme avant et là réside peut-être la bonne nouvelle… Ne nous y trompons pas, beaucoup de nations subsahariennes sont à un tournant de leur histoire. Les africains eux-mêmes doivent trouver les ressources nécessaires, ainsi que le courage suffisant, pour transformer l’adversité en une opportunité unique de changer de modèle de développement » écrit l’économiste, fort de 15 ans d’expérience dans les postes de direction en Afrique.
Poussant l’expertise encore plus loin, Papa Demba Thiam pose une question: «si on parlait des causes économiques probables de l’expansion du Covid-19 ? Il faut donc s’évertuer à urgemment identifier les pôles économiques directement et indirectement liés aux épicentres de la pandémie et à analyser les mouvements de personnes sur les chaines de valeurs et les chaines logistiques qui les lient entre eux et renforcer la lutte contre les effets de propagation du Covid-19 en priorité sur ces pôles économiques et le long des chaines qui les lient. Attention seulement à ne pas prendre la diaspora comme bouc émissaire, avertit Samir BOUZIDI, Expert en mobilisation des diasporas africaines alors que la sénégalaise Ndèye Marième FALL, Présidente Collectifs Entrepreneurs & CEO Cabinet G&G), nous rappelle à une question urgente : comment sauver les PME africaines en ces temps d’incertitudes et de confinement. Une prise de position qui recoupe celle du Dr Abdourahmane Sarr, dans sa chronique intitulée : « Sénégal , organiser la résilience Systémique à la crise »
Un commentaire
Merci à Financial Afrik pour la correction apportée sur mes qualifications. Je suis Économiste et Financier et non un expert-comptable même si j’ai acquis l’essentiel de mon expérience professionnelle dans les cabinets internationaux d’audit, d’expertise comptable et de conseil.