Dans son discours retransmis à la télévision nationale sénégalaise à la veille de la fête nationale d’indépendance du Sénégal, qui a lieu le 4 avril, le président Macky Sall s’est largement attardé sur l’impact économique de la pandémie du coronavirus. « »Comme partout ailleurs, notre économie subit de plein fouet l’impact du COVID-19. Des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les transports, le commerce, la culture, les bâtiments et travaux publics, entre autres, sont durement affectés », détaille le président qui annonce une baisse drastique de la croissance du PIB.
Une croissance économique en baisse de moitié
« Notre croissance économique soutenue sur plusieurs années est brutalement freinée et passera de 6,8% à moins de 3% ». D’où plusieurs ajustements opérés par le gouvernement, qui fait économie de 159 milliards de Franc CFA dans les dépenses de fonctionnement, sécurise 178 milliards de FCFA pour couvrir partiellement des pertes de recettes budgétaires induites par la crise et, entre autres , met en branle un dispositif pour l’approvisionnement du pays en hydrocarbures, produits médicaux, pharmaceutiques, et denrées de première nécessité.
Au delà de l’hommage aux Forces de défense et de sécurité et aux travailleurs de la Santé, le président Macky Sall a, en cette célébration du 60 ème anniversaire de l’avénement du Sénégal à l’indépendance exprimé sa solidarité à toutes celles et à tous ceux qui souffrent de l’impact de la crise du COVID-19. « Je pense aux millions de pères, mères et soutiens de familles menacés de précarité. Je pense à notre diaspora, si généreuse envers la Nation et aujourd’hui éprouvée. Je pense aux nombreuses entreprises et à leurs salariés, tous victimes de cette crise imprévue ».
« Je veux dire à tous et à toutes que l’Etat ne vous abandonnera pas ». Devant l’urgence, et en attendant une évaluation complète des effets de la crise sur l’économie nationale, le Sénégal a mis en place un Programme de résilience économique et sociale afin de renforcer le système de santé du pays, soutenir les ménages, la diaspora, les entreprises et leurs salariés. Voici, en substance, les différentes mesures annoncées par le président sénégalais:
– le soutien au secteur de la Santé à hauteur de 64,4 milliards de FCFA, pour couvrir toutes les dépenses liées à la riposte contre le COVID-19.
-le renforcement de la résilience sociale des populations. L’Etat prendra en charge les dépenses suivantes : – 15,5 milliards, pour le paiement des factures d’électricité des ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre ; soit environ 975 522 ménages ; – 3 milliards, pour la prise en charge des factures d’eau de 670 000 ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre ; – 69 milliards, au lieu des 50 initialement prévus, pour l’achat de vivres au bénéfice d’un million de ménages éligibles ; -12,5 milliards, pour aider la diaspora.
A l’endroit des entreprises et du secteur privé, l’Etat sauvegardera la stabilité macroéconomique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois à travers un programme d’injection de liquidités assorti de mesures fiscales et douanières. Ainsi, 302 milliards seront consacrés au paiement dus aux fournisseurs de l’Etat. « Les règles et priorités de paiement concourant à l’objectif de stabilité économique seront publiées et connues de toutes les entreprises », a déclaré le président Sall qui pose comme contrepartie à ce que les entreprises s’engagent à maintenir les salariés.
Une enveloppe de 100 milliards sera spécifiquement dédiée à l’appui direct des secteurs de l’économie les plus durement touchés par la crise, notamment les transports, l’hôtellerie mais également l’agriculture. De même, en rapport avec le secteur financier, l’Etat mettra en place un mécanisme de financement à hauteur de 200 milliards, accessible aux entreprises affectées, selon une procédure allégée.
L’Etat procèdera au remboursement des crédits de TVA dans des délais raccourcis pour remettre de la trésorerie aux entreprises. Des remises et suspensions d’impôts seront accordées aux entreprises qui s’engageront à maintenir leurs travailleurs en activité pour la durée de la crise, ou à payer plus de 70% du salaire des employés mis en chômage technique pendant cette période. Cette facilité de trésorerie concerne les retenues opérées sur les salaires et les cotisations sociales que les entreprises du secteur privé versent à la Caisse de sécurité sociale et à l’IPRES. Pour la mise en œuvre de cette mesure, l’administration fixera, en toute transparence, les règles concernant les engagements de l’Etat et la responsabilité des entreprises.
Les Petites et Moyennes Entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 100 millions de francs CFA, et les entreprises évoluant dans les secteurs les plus impactés par la pandémie, notamment le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, le transport, l’éducation, la culture et la presse, bénéficieront d’un différé de paiement des impôts et taxes jusqu’au 15 juillet 2020.
Au titre du soutien à l’investissement, il y aura une prolongation du délai général de paiement de la TVA suspendue recouvrée par la douane et les services fiscaux de 12 à 24 mois ; ce qui représente un report de paiement de 15 milliards sur l’année 2020. Il sera accordé une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019, due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards. De même, l’Etat procèdera à la suspension du recouvrement de la dette fiscale et douanière des entreprises les plus affectées par le COVID-19. En contrepartie, elles devront s’engager à maintenir les salaires de leurs employés ou à payer plus de 70% du salaire des employés mis en chômage technique. Les entreprises et personnes physiques qui soutiennent le fonds FORCE COVID-19 sous forme de dons versés au compte ouvert au Trésor public, pourront déduire ces dons de leur futur résultat fiscal.