Par Mathieu Lamien*.
L’année 2020 s’est timidement installée avec cette épidémie du nouveau coronavirus (covid-19) découvert en Chine dans la ville de Wuhan fin décembre 2019. En l’espace d’un mois, le virus avait fait le tour de toutes les grandes puissances du monde (Chine, États-Unis, France, etc). C’est en février 2020 que le continent africain a enregistré ses premiers cas confirmés, plus précisément en Égypte le 14 février 2020. Le 27 février, le Nigeria enregistrait le premier cas de l’Afrique de l’ouest et le 2 mars la zone UEMOA enregistrait son premier cas au Sénégal.
Le taux de propagation du virus d’un individu à un autre peut s’expliquer par sa nature très contagieuse et son mode de transmission. Quant à sa vitesse de propagation d’un continent ou d’un pays à un autre, cela relève du concept de globalisation qui demeure le paradigme dominant des théories du commerce international.
Dégringolade des Bourses étrangères
La santé constitue un secteur clé de la croissance économique, en ce sens que selon la théorie de la croissance, le capital humain favorise la croissance et de ce fait une crise sanitaire sévère et durable comme celle que nous vivons peut créer un déséquilibre macroéconomique. Les marchés financiers reflètent en temps réel les anticipations des investisseurs. Ces derniers, même s’ils ont des goûts différents en matière de risque, détestent dans leur majorité l’incertitude. En effet, partout dans le monde, des usines ferment et les pays, pour limiter la propagation du virus, s’adonnent au confinement total avec ses lots de conséquences. Cette forme de prévention mêmes s’elle est souvent suivie de mesures d’accompagnement jugées insuffisantes, constitue une des causes du ralentissement des économies (chômage partiel, croissance revue à la baisse, etc). Et si la confiance n’est pas durablement rétablie, les dégringolades se poursuivront. Pour éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en une crise économique mondiale, les autorités politiques et monétaires ont adopté des politiques de relance à coûts de milliards, ordonné la baisse des taux directeurs des banques centrales et, entre autres, mis en place des fonds de garanties des prêts bancaires.
Malgré ces différentes mesures, les marchés financiers des grandes puissances continuent à cheminer dans un territoire baissier (le 12 mars, le CAC 40, l’indice parisien des 40 valeurs les plus actives, plongeait de 12,28%, la pire séance de son histoire ; le 16 mars, le Dow Jones Industrial Average a chuté de 12,94% enregistrant ainsi sa plus lourde chute depuis le Lundi noir d’octobre 1987). Cette psychose boursière s’est vite installée sur les autres marchés boursiers à l’instar du marché sous régional ouest-africain-zone CFA, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA).
Un secteur des transports qui paie déjà les frais
La difficulté présente est d’avoir une meilleure compréhension de la profondeur de l’impact sectoriel de cette épidémie. En nous référant au marché boursier de l’Union, on connaît les secteurs les plus touchés. Le secteur agricole a été particulièrement impacté lors de la crise financière de 2008-2009. En effet, durant cette période, l’indice « Agricuture » avait cédé 77% de sa valeur suivie par l’indice « Finance » qui avait plongé de 69%. Cette crise financière avait débuté dans le secteur de l’immobilier, causé un risque de liquidité des banques, asphyxié le système économique et bloqué l’écoulement des produits agricoles.
Comme on a coutume de le dire, les crises se suivent mais ne se ressemblent pas. En effet, il est assez tôt pour identifier la sévérité des conséquences de cette crise actuelle sur le marché bousier de l’Union et de faire une comparaison avec celle de 2008-2009. Le mot que l’on puisse dire est que depuis le 02 mars 2020 jusqu’à la date du 08 avril 2020, l’indice sectoriel des transports a enregistré la plus forte baisse (-29%), proche de son niveau de 2008-2009 (graphique ci-dessous). En effet, même si le secteur du transport plus spécifiquement celui des personnes est le plus touché par cette crise, la chute de cet indice sectoriel peut s’expliquer par le déséquilibre macroéconomique dû à la fermeture des usines de productions au niveau international. Au regard de l’état de la BRVM et du nombre limité d’entreprises cotées dans l’UEMOA, l’impact réel de cette crise peut être sous-estimé par le marché boursier car beaucoup d’entreprises évoluant dans des secteurs vulnérables ne sont pas cotées à la BRVM.
*A propos de l’auteur
De nationalité burkinabé, Lamien Zounouyavé alias Mathieu est actuellement doctorant en économie à l’université OUAGA 2 (Burkina Faso) et ingénieur financier de formation (Master 2 Banque et Ingénierie Financière à l’Institut Africain de Management de Ouagadougou).