Voici une analyse intéressante de la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’UEMOA, la BRVM, sur la réaction des marchés suite à la mise en place de plusieurs mesures de soutien dans les marchés développés et émergents:
1. Au plan national
Les banques centrales continuent de rivaliser de créativité afin d’injecter de la liquidité dans les systèmes financiers et soutenir les économies, à mesures que les Etats s’enlisent dans une crise sanitaire aux conséquences qui s’annoncent de plus en plus importantes sur l’activité. Aux Etats-Unis, la Federal Reserve a une nouvelle fois volé à la rescousse des marchés, avec l’annonce de 2 300 milliards de dollars de nouveaux prêts pour supporter les entreprises et les collectivités locales. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a, à son tour, prévu le déploiement d’un dispositif lui permettant d’accorder des prêts directement à l’Etat, l’objectif étant de fournir assez de liquidités au gouvernement pour relancer l’économie.
Sur le continent africain, la Banque Africaine de Développement a lancé un fonds de 10 milliards de dollars afin de soutenir à la fois le secteur public et le secteur privé, en vue de renforcer la résilience des Etats face aux défis posés par la crise sanitaire. Ces nouveaux plans de soutien économique sont annoncés alors qu’il apparaît de plus en plus probable que de nombreuses régions du monde devraient entrer en récession en 2020, à cause de la crise du COVID-19. Cela devrait être le cas de la France qui, selon des estimations de la Banque de France, serait entrée en récession au terme d’un premier trimestre 2020 ayant vu son Produit Intérieur Brut s’effondrer de 6 %. Il s’agirait là de la pire performance trimestrielle de l’économie française depuis la Seconde Guerre Mondiale.
L’Afrique Subsaharienne devrait également connaître le même sort selon la Banque Mondiale, qui anticipe un recul de 2,1 % à 5,1 % de la croissance dans la région. Sur le front des marchés financiers, ceux-ci continuent d’être ballotés au gré des anticipations des investisseurs quant à l’ampleur et la durée de la crise. Cette semaine, les plans de soutien dévoilés par les Banques Centrales ont eu pour effet de restaurer, au moins temporairement, l’optimisme des investisseurs. En témoigne, le net rebond enregistré par la plupart des indices boursiers internationaux.
Tableau 1 : Evolution des bourses mondiales au cours de la semaine
2. Au plan régional
Au niveau de la sous-région, l’actualité de la semaine a principalement été marquée par la mise en place, en Côte d’Ivoire, d’un fonds de 200 milliards de FCFA, en soutien aux petites et moyennes entreprises. Cette enveloppe devrait également bénéficier aux entreprises du secteur informel, particulièrement touchées par la baisse de leurs activités en raison des mesures de lutte anti-propagation du COVID-19 (couvre-feu).
A la BRVM, les investisseurs semblent toujours tenir une position attentiste, en raison d’un manque de visibilité quant à l’impact de la pandémie sur les entreprises de la région. La poursuite des publications financières des sociétés cotées, devraient néanmoins avoir un effet catalyseur sur le dynamisme du marché. Les principaux indices boursiers, que sont les indices BRVM 10 et BRVM Composite, ont ainsi affiché de très légères baisses de l’ordre de -0,07 % chacun, avec, en outre, un très faible niveau de volatilité :
Graphique 1 : Evolution des indices BRVM du 06 au 10 avril 2020
Tableau 2 : Les plus fortes baisses sur la semaine (Top 5)
Bien qu’opérant sur un secteur plutôt défensif, et donc moins sensible aux aléas économiques, la valeur CIE CI (-7,03 %) enregistre la plus forte baisse de la semaine. Les investisseurs anticipent probablement une répercussion négative sur l’activité de la CIE, de la mesure de prise en charge par l’Etat Ivoirien des factures d’électricité de certains ménages, pour les mois d’avril et mai.
Le titre SITAB arrive en deuxième position, avec une performance hebdomadaire de -6,67 %. En proie à d’importante difficultés financières depuis plusieurs années, la société pourrait subir de plein fouet une baisse de la demande de produits tabacs.
Enfin, dans la continuité de la semaine précédente, l’on retrouve les titres PALM CI (-4,76 %), NEI CEDA CI (-3,85 %) et SGB CI (-3,33 %), qui complètent ainsi ce classement. Si l’on relève un ralentissement de la tendance baissière de ces titres, leur forte sensibilité à la conjoncture économique pourrait continuer à plomber leur cours, dans le contexte actuel de pandémie liée au COVID-19.