Réuni en urgence avec les médecins, le 25 avril 2020, dans son palais de Sékoutouréya, le président guinéen, Alpha Condé, a laissé éclater sa colère devant la bureaucratie des médecins. « On vous a envoyé 300 étudiants en médecine…tous les médecins qui peuvent participer, doivent pouvoir participer. Beaucoup se sont plaint mais, j’ai demandé pourquoi ils ne se sont pas présentés ? Dans les autres pays on appelle même les retraités. Qu’est-ce qui vous empêche d’associer les autres ? »
Face au silence des médecins présents, le président guinéen a encore tonné : « Nous avons des structures qui ont été faites pendant Ebola. Pourquoi on n’utilise pas ces structures ? «
Il faut dire que la Guinée vit une véritable psychose. La progression rapide de la pandémie, qui a explosé depuis le double scrutin législatif et référendaire organisé le 22 mars 2020 dans une ambiance hallucinogène, expose le gouvernement au virus (4 ministres touchés, décès du président de la Commission électorale) à la défiance populaire. Au moment de ce scrutin boycotté par les observateurs internationaux, le pays comptait deux cas.
Une semaine après, c’est l’explosion. Ainsi, le président Alpha Condé, lui même objet de toutes les spéculations, a été obligé de faire une sortie publique le 9 avril, dans les rues de Kaloum, pour d’abord apporter un démenti visuel à sa supposée contamination, déjà démentie par un test réalisé le 2 avril dernier puis demander à ses concitoyens d’observer les mesures de distanciation sociale. Loin de s’en arrêter sur ces mesures communément admises, le chef d’Etat ordonnera à ses concitoyens d’acheter du mentholatum et de s’en enduire les narines. Puis de boire l’eau chaude, dans une démarche qui aurait fait rire n’eut été l’urgence sanitaire.
Alors que l’opposant Cellou Dalein Diallo pointe du doigt le cynisme et l’irresponsabilité du gouvernement, celui-ci , face aux pertes dans ses rangs, est entrain de prendre la mesure de la situation, ce qui du reste n’a pas empêché le parlement de se réunir pour une plénière hallucinogène .
Mais face à la rapide propagation de l’épidémie, qui s’approche des 1000 cas positifs, il faudra à Alpha Condé beaucoup plus que de l’eau chaude pour reprendre la main sur une stratégie anti-covid19 en échec.