L’ ex premier ministre et ex président de l’assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, 47 ans, candidat à la présidentielle d’octobre 2020, a été condamné à 20 ans de prison pour «recel de détournement de deniers publics» et «blanchiment de capitaux» par le tribunal correctionnel d’Abidjan au terme d’une audience boycottée par ses avocats et tenue à huis clos. Le procureur a requis entre autres une amende de 4,5 milliards FCFA d’amendes (6,9 millions d’euros), la confiscation de la résidence de Guillaume Soro et la privation de droits civiques pour 5 ans…
En réaction à cette décision rendue par une justice qu’il estime aux ordres, Guillaume Soro, dans une communiqué, a tenu à rassurer ses partisans dans un langage détendu et combatif : « Je reste candidat à la présidentielle et je gagnerai » C’est une sentence qui ne nous émeut absolument pas » s’exclame l’ancien allié du président Alassane Ouattara. Et d’ajouter: « la parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’Etat de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara. Cet homme qui porte aujourd’hui avec beaucoup d’aisance les habits de dictateur, qui soumet la justice à sa botte et commande des sentences de mise à mort politique contre ses rivaux afin de les exclure de la compétition électorale, incarne la pire version du dirigeant africain » .
En effet ,il sied de noter, qui plus est, qu’en début de semaine dernière, la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples a ordonné à la Côte d’Ivoire de suspendre le mandat émis à l’encontre de Guillaume Soro et à procédé à la libération des 19 détenus proches de l’ex président du parlement . La Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples a donné à la Côte d’Ivoire 30 jours pour exécuter la décision rendue à Arusha en lui enjoignant de faire un rapport et de revenir au statu quo. Pris en tenaille par la décision de la cour africaine, le rigime Ouattara organise de façon expéditive un procès par contumace pour, estime un de ses partisans, « vite condamner Guillame Soro candidat à la future présidentielle ».
L’affaire Soro est désormais interprétée par deux juridictions différentes. Assistons-nous à un désaveu de la Cour de justice africaine ? La Côte d’Ivoire peut-elle aller à l’encontre d’une juridiction dont elle est membre éminent sans se décrédibiliser ? La Cour de justice africaine elle-même, déjà en bisbille avec le Bénin, peut-elle souffrir à ce que ses sentences soient releguées de « force de loi » à « avis consultatif » ? De son côté, le président Alassane Ouattara, qui avait eu, en 2011, à faire jouer les mécanismes de la CEDEAO et de l’Union Africaine pour faire valider son élection face à Laurent Gbagbo, après évaluation en février 2011, peut-il aller à l’encontre des juridictions internationales et surtout africaines ? Les prochains jours seront décisifs à Abidjan.