Le contrat acajou du Crédit Mutuel se passerait bien de cette publicité gratuite. En pleine pandémie, la quatrième banque de détail et le deuxième bancassureur en IARD (assurances habitation, santé, automobile) en France, annonce un versement, par « devoir moral », de 200 millions d’euros au profit de ses clients professionnels. Ce geste de générosité au cœur du capitalisme français, qui fait dire au Figrao que « le Crédit Mutuel fissure le front jusque-là uni des assureurs », ne passe pas inaperçu auprès de la Fédération nationale des agents généraux d’assurance (Agea). Cela d’autant que beaucoup d’experts du domaine ont estimé que le contrat acajou couvrait les risques d’exploitation.
Ainsi, si ce contrat était appliqué dans sa plénitude, Crédit Mutuel aurait versé, non pas 200 millions d’euros, mais plutôt 1 milliard à ses assurés. Ce à quoi, l’assureur réagit en précisant que l’article 29 dudit contrat exclut les dommages causés par les micro-organismes. «Jusqu’à preuve du contraire, un virus, c’est bien un micro-organisme, donc les dommages sont exclus de la garantie», se défend la compagnie prouvant une nouvelle fois que le must de tout contrat d’assurance se trouve dans le détail à déchiffrer avec un bon conseiller.
Loin de se suffire à ces explications, le représentant des agents généraux d’assurance a interpellé l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution le 24 avril par un courrier ébruité par Midi Libre. L’Autorité est invitée à trancher sur la question. Et dire que Nicolas Théry, le patron du groupe Crédit Mutuel, s’enflammait récemment sur France Inter: « On a une responsabilité morale (…) Sortons des débats théologiques. On agit et surtout on agit vite ». Son plaidoyer, qualifié de « publicité mensongère » a eu le mérite de provoquer un effet mimétique immédiat. Crédit Agricole s’est aligné et annonce à son tour 200 millions d’euros pour tous les assurés ayant souscrit à une assurance multirisque professionnelle avec perte d’exploitation, soit une bonne nouvelle pour les PME qui peuvent ainsi bénéficier d’une indemnité forfaitaire immédiate.
L’on ne peut, en observant ce cas français, ne pas conclure à la non parallélisme des formes entre la France et la zone africaine de la Conférence interafricaine des marchés de l’assurance (CIMA, 14 pays) où le taux de remboursement des sinistres est encore bas. Que dire alors de la mise en place de l’assurance contre les pandémies, un voeu pieu des marchés développés ?