Le plan de riposte économique au COVID-19 de 3 000 milliards de Franc Guinéens (287 millions d’euros) de la Guinée Conakry a fait l’objet de vives critiques de la Banque Mondiale qui le juge sous-estimé en ce qui concerne l’impact sur le PIB, muet sur le soutien aux entreprises et aux PME, flou sur le plan de transfert monétaire à 240 000 ménages, et de carrément surfacturé sur la prise en charge des factures d’électricité des ménages entre avril et juin.
C’est ce que laisse supposer une correspondance du 20 avril 2020 de l’institution de Bretton Wood adressée au premier ministre Ibrahima Kassory Fofana. Face au tollé soulevé par l’ébruitement de la correspondance dans la presse guinéenne, le chef du gouvernement est sorti de sa réserve pour défendre l’hypothèse d’un impact faible (0,7% du PIB) de la pandémie. Or, la Banque Mondiale estime que cette projection est « timide », sans donner « d’estimation quelconque », se désole le premier ministre guinéen.
Lancée le 6 avril dernier, la première phase du plan de riposte couvre, rappelons-le, la période d’avril à décembre 2020, avec une sortie de crise projetée pour juin 2020. « Aucun Gouvernement, aucune institution (y compris la Banque mondiale), ne peut aujourd’hui prédire avec une marge d’erreur tolérable ce que devrait être la dimension de l’impact négatif de la crise sanitaire sur l’activité économique », estime Kassory Fofana.
En fait, le gros du contentieux entre la Guinée et la Banque Mondiale porte sur une supposée surfacturation de la prise en charge de la facture de l’électricité des ménages. » « Le coût de la facture à 456 milliards de francs guinéens (46 millions de dollars US) nous paraît surestimé dans le plan, tandis que nos simulations indiquent un total d’environ 6 milliards de GNF (moins de 1 million de dollars US) au tarif social actuellement bas de 90 GNF/kWh », lit-on dans le courrier de la Banque Mondiale. Même si on appliquait la mesure de gratuité des premiers 40 KWH à tous les guinéens, le coût n’excéderait pas les 3 millions de dollars US, avance la Banque Mondiale.
En définitive, la Guinée est appelée à revoir sa copie et à présenter des chiffres basés sur des estimations plus réalistes. La révélation de la surfacturation de plus de 40 millions de dollars révèle en toile de fond une gué-guerre entre le premier ministre Kassory Fofana et la ministre du Plan, Mama Kany Diallo, plaçant le président Alpha Condé dans un dilemme cornélien.