En RD Congo, le gouvernement du Premier mlnistre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a, à l’instar de la plupart des pays africains, obtenu une bouffée d’oxygène financière de 383,62 millions USD, de la part du FMI. Les fonds vont permettre de financer les dépenses liées au COVID-19 et de soulager les dépenses publiques sur les réserves internationales.
En effet, la RDC souffre actuellement d’une érosion drastique des rentrées des recettes intérieures consécutive à la baisse des prix de ses produits d’exportation sur le marché international. Avec l’appui cumulé du Fonds monétaire international, le pays couvre à plus de 76% le gap du financement du choc lié au Coronavirus. Dès lors, le FMI, à lui tout seul, est le premier partenaire de la RDC qui lui apporte l’assistance la plus importante à son économie.
Rééchelonnement de la dette
Dans un premier temps, le FMI avait débloqué une remise de dette évaluée à 20,4 millions USD permettant au plus grand pays francophone au monde de ne pas payer le service de la dette pour les 6 prochains mois, afin d’orienter ses ressources aux dépenses liées à la riposte au COVID-19. En fait, dans l’entendement du FMI, la démarche consiste à prolonger cette mesure sur une période de deux ans, à condition que le fonds de soutien aux catastrophes soit financé par les bailleurs. Ensuite, c’est une Facilité rapide de crédit (FRC) d’un montant de 363,27 millions USD qui a été accordé à la République démocratique du Congo essentiellement pour des dépenses liées à la réduction du choc de la crise sanitaire sur l’économie nationale. « De manière exceptionnelle, ce financement a été octroyé pour servir d’appui budgétaire. L’addition de ces deux financements donne un montant global de 383,62 millions USD. Il s’agit d’un financement significatif qui va permettre au Gouvernement congolais de couvrir le manque à gagner de liés à la mobilisation des recettes, de financer les dépenses liées au COVID-19 et de soulager la pression des dépenses publiques sur les réserves internationales, dont le gap de financement est évalué à 0,9% du PIB », expliquent des analystes.
Et pour évaluer ce gap du financement lié au choc du COVID-19 en RDC à 0,9% du PIB, le FMI affirme avoir pris en compte, dans ses estimations fondées sur des hypothèses réalistes, le manque à gagner en termes des recettes, l’augmentation des dépenses dues à la pandémie de Coronavirus et le manque à gagner des montants levés suite au mécanisme de bons du Trésor. Par conséquent, en considérant le PIB nominal de 55,8 milliards USD, le gap du financement du choc lié au COVID-19 représente un montant de 502,4 millions USD, soit 0,9% du PIB.
D’autres partenaires de la RDC appelés à couvrir 118,78 millions USD
Si, sur ce montant, le FMI a financé 383,62 millions USD, il reste logiquement 118,78 millions USD à couvrir par d’autres partenaires du Congo-Kinshasa. « Ce soutien étant catalyseur, il couvre la majeure partie de ce gap de financement. La différence résiduelle sera normalement couverte par d’autres partenaires dont la Banque mondiale et la BAD. Et si jamais la crise sanitaire venait à s’aggraver et que les besoins de financement augmentaient au-delà des prévisions, le FMI pourrait apporter des financements supplémentaires », projettent des experts proches du dossier.
Obligation de transparence et de bonne gestion
En accordant ce financement, le FMI et le Gouvernement congolais se sont mis d’accord sur certaines conditions et engagements dans la lettre d’intention signée entre les deux parties. D’après une source crédible, quatre principales conditions devront être observées. Primo, les données sur l’exécution du Budget doivent être publiées mensuellement comme c’est toujours le cas. Secundo, les détails sur les dépenses liées aux actions de riposte et d’atténuation de la crise du Covid-19 doivent être publiés chaque mois. Tertio, un audit à posteriori de la Cour des comptes doit être fait sur le rapport financier global. Quarto, les règles de passation des marchés selon la loi congolaise en vigueur doivent être respectées de manière rigoureuse.
Pour le FMI, il s’agit visiblement d’un mécanisme de transparence et de redevabilité devant encadrer ce financement ponctuel consenti au profit de la Rd Congo en cette période de crise sanitaire aux impacts néfastes sur l’économie et les finances publiques. En d’autres termes, les moyens mis à la disposition doivent être gérés à bon escient. La RDC prépare actuellement un Programme économique axé sur l’atténuation du choc du Covid-19. Ce dernier conduira à un collectif budgétaire où les dépenses liées à la riposte seront alignées en priorité. Face à une probabilité de baisse continue de recettes publiques et d’une augmentation pressante des dépenses publiques ainsi que des besoins d’importations, l’appui du FMI déjà mis à la disposition de l’Etat congolais va servir doublement pour les dépenses budgétaires et celles d’appui à la balance de paiement.