L’ordonnance de de déconfinement annoncé aux tunisiens samedi 2 mai dans sa première version puis dimanche 3 mai dans sa version expurgée, comportait une mesure qui a fait sortir féministes et progressistes de leurs gonds. Le décret paru au Journal officiel (JO), stipulait dans son article 10 que « les retraités de plus de 65 ans (et non les personnes de plus de 65 ans) », les personnes atteintes de maladies chroniques ainsi que les femmes enceintes et « les mères dont l’âge des enfants ne dépasse pas 15 ans » devaient rester en maison.
La dernière section « mères dont l’âge des enfants ne dépasse pas 15 ans » fait polémique, de nombreux tunisiens dénonçant un texte patriarcal. « Cette exception outrageante traduit la vision machiste et patriarcale des rôles et des attributs sociaux de sexe qui fait porter aux seules femmes la responsabilité des enfants », ont déploré dimanche de nombreuses associations de défense des droits des femmes dans un communiqué commun, rappelant que l’égalité était inscrite dans la Constitution tunisienne adoptée en 2014, après le Printemps arabe.
Pour Bochra Bel Haj Hmida, ancienne députée et ex-présidente de la Commission pour les libertés individuelles et l’égalité, « au-delà des droits des femmes, le gouvernement devrait savoir qu’il y a des pères qui veulent s’occuper de leurs enfants et d’autres qui devraient le faire. »
Après ce désaveu publique, le gouvernement tunisien a expurgé le texte de sa partie « impure ». Le pays vit dans un confinement strict depuis le 22 mars et voit avec ce début de confinement le bout du tunnel.