Au cours d’un remaniement technique opéré, jeudi 13 mai en conseil des ministres, Alassane Ouattara, déjà en froid avec Mabri Toikeusse, vient de le remercier pour la deuxième fois consécutive.
L’on s’en souvient, en 2016, face au refus de Mabri toikeusse de se soumettre au diktat du RHDP lors des élections législatives, le président ivoirien, absent du pays à l’époque, avait limogé Mabri alors Ministre des affaires étrangères, en compagnie d’un autre allié, Gnamien Konan, à peu près pour les mêmes raisons de réglages politiques.
En effet, depuis le choix de Alassane Ouattara porté sur son Premier Ministre, Amadon Gon Coulibaly comme candidat de la majorité présidentielle, Mabri Toikeusse a pris ses distances. Le désormais ex – ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique avait émis des réserves quand à la méthode avec laquelle le président Ouattara avait procédé pour le choix de son dauphin. Les remarques formulées en plein assemblée générale du Rhdp ont fissuré les rapports entre Mabri et le président ivoirien.
Depuis cet épisode, la base de l’Udpci qui lors de son congrès de 2015 avait opté en son temps de soutenir la candidature de Alassane Ouattara, s’est fracturée avec l’expulsion des lieutenants qui voulaient rester dans l’attelage du pouvoir. Une bonne partie de la base demeurée fidèle s’est réservée le droit de porter la candidature de son leader, Mabri Toikeusse à la présidentielle de 2020.
Par ailleurs, face au jeu du chat et de la souris que se livrent désormais certains cadres du parti arc-en-ciel d’une part et les responsables des instances du Rhdp d’autre part, un climat de méfiance s’est installé entre le leader de l’Udpci, Mabri Toikeusse, et le dauphin du président, le premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, sous le regard du dramaturge et metteur en scène, le président Ouattara qui, selon nos sources, avait demandé à Mabri de s’aligner ou partir.
Le jour où Mabri avait réuni son état major avec à la clé la publication d’un communiqué prenant acte de la désignation de Amadou Gon Coulibaly comme candidat du Rhdp a coïncidé avec l’évacuation du premier ministre à Paris pour un problème cardiaque.
Compte tenu de sa position d’allié de première heure et de membre fondateur du Rhdp canal historique en 2005, Albert Mabri Toikeusse ne peut pas partir sans fracas. L’homme n’aura pas pris la voie de Amon Tanoh en démissionnant mais a préféré laisser le président Ouattara siffler le divorce.
Tout compte fait, Mabri est désormais face à son destin et devrait dans les jours à avenir faire connaître sa position face aux échéances futures. A la faveur de ce départ, Albert Flinde, vice-président de l’Udpci, démis de la direction du parti par Mabri il y a environ un mois, entre au gouvernement. Flinde qui avait déclaré, au plus fort de la fronde au sein de l’Udpci, que “Mabri est un général sans soldats” occupera le poste de ministre de l’Intégration et des ivoiriens de l’étranger.
A 6 mois de la fin du mandat du président Alassane Ouattara, le magma politique ivoirien est en ébullition.
Rodrigue Fenelon