Sous l’effet du covid-19, le secteur touristique de l’Afrique centrale perd 437 millions de dollars par mois, indique le livre blanc élaboré par le « Réseau des experts de l’Afrique Centrale (RETAC)* » daté du mois de mai 2020. « Les recettes mensuelles sont estimées à environ 163 millions $ US pour le secteur du tourisme hormis le sous-secteur de la restauration dont les données sont difficilement accessibles. Les recettes sont plus importantes ; les données fournies par la BAD estiment la contribution globale mensuelle du tourisme dans les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) à environ 437 millions $ US. Ces chiffres pourraient représenter les pertes liées au COVID- 19 sur une période d’un mois », indiquent les auteurs du rapport.
Le document préfacé par Ahmad ALLAM-MI, Secrétaire Général de la CEEAC avec un avant propos signé par Mme Arlette Soudan-Nonault, Ministre du Tourisme et de l’Environnement de la République du Congo, fait part d’un risque de perte d’emplois de 3 à 23% des actifs. Selon des données compilées par l’étude, environ 3 517 380 touristes ont visité la zone en 2016 pour une recette totale d’environ 1,5 milliard de dollars.
L’Afrique Centrale totalise environ 6 800 établissements hôteliers, toutes catégories confondues. La durée moyenne de séjour se situe autour de 2,4 nuitées et les hôtels ont totalisé environ 7,5 millions de nuitées en 2016 pour un chiffre d’affaires pouvant être estimé à plus de 439 millions $ US, soit une moyenne mensuelle d’environ 36,5 millions $ US.
Les agences de voyages, dans leur grande majorité, exercent dans la billetterie et, de manière secondaire, dans d’autres activités (réservation des hôtels et services à l’aéroport). Selon les données recueillies, uniquement dans la billetterie, elles font un chiffre d’affaires annuel d’environ 1,45 milliard $ US8. Quelques rares agences proposent des produits touristiques. Toutes les agences de voyages sont affectées par la fermeture des aéroports ou la limitation des vols des compagnies aériennes. Les pertes mensuelles à leur niveau pourraient être estimées à environ 80 millions $ US, indique le livre blanc.
La contribution du tourisme au PIB varie d’un pays à l’autre allant de 3,7% en Angola à 24,3% à Sao Tome et Principe. Il en est de même pour la contribution du tourisme à l’emploi qui va de 3,2% en Angola à 23,3% à Sao Tome & Principe.
La faible capacité d’accueil des structures sanitaires a obligé certains pays à réquisitionner les hôtels pour héberger soit les malades, soit les personnes mises en quarantaine. Le RETAC encourage cette décision et exhorte les promoteurs hôteliers à proposer leurs établissements, dans l’hypothèse où la pandémie prend de l’ampleur sur le continent. Plus de 60.000 lits, disponibles dans les hôtels des pays de l’Afrique Centrale, pourraient être mobilisées. La réquisition éviterait non seulement aux États d’utiliser une partie des ressources destinée à la lutte contre le COVID-19 pour l’aménagement des structures provisoires d’accueil, mais aussi et surtout, au secteur hôtelier, la fermeture des structures d’hébergement. Une telle réquisition permettrait de garder une partie du personnel hôtelier.
Dans ses recommandations, le RETAC appelle à faire de la zone une destination unique à travers l’émission d’un e-visa unique.
L’Afrique Centrale dispose d’environ 3598 km de côtes baignées par les eaux de l’océan Atlantique. L’Afrique Centrale possède 163 aires protégées occupant une superficie de 727 652 Km2 soit environ 11% du territoire de cette sous-région. C’est le plus gros potentiel en biodiversité du continent, notamment avec le bassin du Congo. Mais en dépit de ces richesses, l’Afrique Centrale se positionne comme la dernière destination touristique africaine, avec à peine 5% du flux en direction du continent.
*Les auteurs du Livre blanc: Dr. KAMGA KAMDEM Sébastien Luc ; Dr. MARABÉ NGAR-ODJILO ; NJAMEN Barro ; PIGA Boniface ; Rémy Charly POLIWA et Dr. TABAPSSI Timothée.