Fabrice Kom Tchuenté, Auteur du recueil « Engagements Poétiques » publié aux éditions Persée, livre ici une inspiration sur la pandémie du coronavirus par le biais de la réflexion poétique, plus essentielle que le monde des statistiques et des agrégats bancaires et financiers qui l’occupe en temps normal. In extenso:
Une quinte de toux dans un cinéma et au bout de 2 ou 3 scènes, c’est la moitié d’une ville qui est mise en quarantaine. C’était il y a 25 ans dans le film « Alerte » avec Dustin Hoffmann. Réalisme ou Prophétie du réalisateur ? Dire que pendant toutes ces années nous nous sommes dit, comme on dit chez nous «Aka, tout ça là c’est trucage».
Et maintenant qu’on y pense, dans «La Planète des singes», les singes prennent le contrôle sur les humains et dans «Indépendance Day» sortie un ou deux ans plus tôt, les extra-terrestres envahissent la terre. Alors, « Tout ça là, c’était toujours trucage ou bien ? »
Peut-on jurer aujourd’hui que sur cette terre, nous ne pourrions jamais perdre le contrôle au profit d’une autre espèce ?
Sommes-nous l’espèce Maître du «jeu» ? Ou l’espèce Maître du «je» ?
De tous les films de notre enfance, quelle était donc la part de fiction ? Et la part de réalisme ?
Qu’est ce qui relève aujourd’hui du possible ? Ou de l’impossible ?
Après COVID 19, qu’est ce qui nous attend ? Le bonheur ? Ou bien COVID 20 ?
Certains parlent de «Liberté retrouvée», d’aucuns parlent de «Reprise économique». Et pourtant, nous avançons «masqués». Une sorte de «cache bouche» qui n’est pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier de «Masque de Zorro». Un malade (tous les humains) peut-il parler de rémission lorsqu’il ne sait pas exactement de quoi il était atteint ?
Épargner parce qu’on ne sait pas de quoi sera fait demain ou Dépenser parce qu’on ne sait pas de quoi sera fait demain. Quelle différence aujourd’hui ?
Cette époque que nous vivons nous apprends que, marcher ou courir, danser ou chanter, esquiver ou piétiner, épargner ou dépenser, c’est tout simplement vivre en attendant demain.
On a l’impression que cette maladie est aussi insaisissable que nos propres mystères, qu’elle nous retourne la part sombre qui se niche en chacun de nous. Cette part tant inavouée et qui aujourd’hui nous désavoue. Oui, le masque naturel est tombé et il a fallu s’équiper d’un masque artificiel.Celui qui nous empêche de nous regarder. Celui par lequel nous nous observons sans nous reconnaitre.Un Cache-Bouche, Un Cache-Nez. Et demain, qu’en sera-t-il ? Un Cache-Pied ou un Cache-Sexe ?
Misère, Misère, …Est-ce la nature qui nous fait part de sa colère ? Ou alors qui nous rappelle à quel point elle nous tolère ?Peut-être remet-elle la balle au centre du jeu ? La quête effrénée de timbales nous ayant éloignée des enjeux ?
Dans tous les cas, le terme « poussière » n’aura jamais été aussi adapté pour qualifier notre vulnérabilité humaine puisqu’à présent, il ne suffit que d’un souffle ou d’une goutte pour nous ébranler.
Aujourd’hui, nous repensons, nous ressortons, nous reconsidérons. Au lieu de refaire pour re-être, si nous avions tout simplement l’humilité de renaître ?
Fabrice Kom Tchuenté