L’Afrique du Sud, le Kenya, le Rwanda, le Maroc et Maurice sont les cinq pays les plus intégrés d’Afrique.
En dépit de la mise en place de la Zone de libre-échange continental (ZLECA, actuellement en butte aux questions des règles d’origine), l’intégration africaine est encore très faible. Un score de 0,327 sur 1 point. C’est l’indice dévoilé par le rapport conjoint de la Commission de l’Union Africaine (CUA), de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA).
Les auteurs du rapport ont mesuré l’intégration sur plusieurs critères dont la libre circulation, l’intégration productive par les infrastructures, le commerce, l’intégration budgétaire (convergence macroéconomique) . Au regard de ces critères, l’Afrique du Sud apparaît comme le pays le plus intégré du continent (ce qui fera certainement débat) , loin devant le Kenya, le deuxième marché le plus intégré. Viennent ensuite le Rwanda, le Maroc et Maurice, avec des scores de 0,434, 0,430 et 0,424, respectivement.
L’Afrique du Sud est surtout le meilleur élève du continent en termes d’intégration productive et d’infrastructures. Elle fait partie des quatre meilleurs en matière d’intégration commerciale, avec une performance moyenne pour ce qui est de l’intégration macroéconomique. Sa force réside dans son intégration productive, domaine où elle obtient le score maximal, et son point faible, dans la libre circulation des personnes.
Le Kenya affiche une performance relativement satisfaisante pour l’intégration productive, l’intégration des infrastructures et la libre circulation des personnes, domaines pour lesquels il occupe les septième, huitième et dixième rangs, respectivement.
Les pays les moins intégrés d’Afrique sont le Soudan du Sud et l’Érythrée. L’Érythrée fait partie des six derniers en termes de libre circulation des personnes, d’infrastructures, d’intégration macroéconomique et commerciale. Les faiblesses du Soudan du Sud sont évidentes s’agissant de l’intégration macroéconomique et des infrastructures pour lesquels il occupe le dernier rang.
De même, bien que le Nigeria apporte une importante contribution au produit intérieur brut du continent, il a signé l’accord sur la ZLECAf, mais ne l’a pas encore ratifié, et seule une part infime de ses importations provient de la région. Pour ces raisons, le classement général du Nigéria en matière d’intégration régionale est peu reluisant bien qu’il occupe la brillante position de deuxième pays africain le plus intégré en matière d’intégration productive.
Vingt pays ont des performances supérieures à la moyenne et peuvent être considérés comme faisant partie des meilleurs en matière d’intégration; 25 pays sont en dessous de la moyenne et passent pour être les moins intégrés.
Selon les régions, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) affiche un score assez faible (0,337), 9 de ses 16 membres ayant une performance considérée comme moyenne au sein de cette communauté. Les meilleurs élèves de la SADC sont l’Afrique du Sud, le Mozambique et le Zimbabwe; les derniers sont la République démocratique du Congo, l’Angola et l’Eswatini.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) affiche un score moyen modéré de 0,425, mais la faiblesse de son score en matière d’intégration productive donne à penser que de grandes améliorations seraient possibles si les investissements futurs sont axés sur la mise en place de capacités productives complémentaires. La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Sénégal sont les maillons les plus forts de la CEDEAO. Le Libéria, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone en sont les plus faibles.
La République du Congo est le pays le plus performant de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), devant le Gabon et le Cameroun. Le Burundi, l’Angola et la République démocratique du Congo arrivent en dernière position. Avec un score général de 0,442, la CEEAC est modérément intégrée. Contrairement à la plupart des CER, la CEEAC excelle dans le domaine de l’intégration macroéconomique, mais à l’instar de la plupart d’entre elles, elle est peu performante en matière d’intégration productive. Les disparités entre États membres sont considérables.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) regroupe huit pays qui vont de la Somalie, économiquement faible, au Kenya, une puissance continentale. Son score global en matière d’intégration régionale est de 0,438. L’IGAD obtient son meilleur score dans le domaine de la libre circulation des personnes, d’autant plus que la majorité de ses membres se sont engagés à libéraliser la circulation sur le continent. L’intégration productive est le domaine nécessitant le plus d’amélioration. Au sein de l’IGAD, l’Ouganda et le Kenya sont les meilleures performances en matière d’intégration régionale; l’Érythrée et le Soudan du Sud sont les moins performants.
La meilleure performance au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) est le Kenya, suivi de l’Ouganda, tandis que le Soudan du Sud et le Burundi sont les derniers. La CAE est relativement bien intégrée, avec un score global de 0,537. Elle affiche ses meilleures performances dans le domaine de la libre circulation des personnes où ses pays ont un score moyen de 0,664, talonné par la dimension intégration macroéconomique, avec un score de 0,660. Aucun État membre de la CAE n’est lié présentement par un accord bilatéral d’investissement, mais la monnaie du Rwanda, le pays le plus performant de la CAE pour cette dimension (0,991), est facilement convertible et la Tanzanie (0,833) affiche le meilleur différentiel d’inflation de la communauté.
Le niveau d’intégration au sein de la Communauté des États sahélosahariens (CEN-SAD) est faible avec une moyenne se limitant à 0,541. À l’instar de la CEDEAO et de la SADC, la CEN-SAD affiche une faible performance en termes d’intégration productive et des infrastructures, mais celle-ci est relativement satisfaisante en matière de libre circulation des personnes. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Maroc sont les pays les plus intégrés de la CEN-SAD (la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont également les meilleures performances de la CEDEAO). Les scores élevés de la Côte d’Ivoire et du Sénégal tiennent en partie à leur commerce mutuel de carburant et de lubrifiants : cette activité est prise en compte dans les scores de ces pays pour l’intégration productive, qui sont quasiment identiques (0,620 pour la Côte d’Ivoire et 0,619 pour le Sénégal), et qui dépassent de loin la performance du meilleur second de la CEN-SAD, le Libéria (0,412).
Le Kenya, le Rwanda, et la Zambie sont les trois pays les plus intégrés du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), tandis que l’Érythrée, l’Eswatini et le Soudan sont les moins intégrés. Le COMESA obtient un score moyen faible de 0,367, tandis son pays membre le plus performant affiche un score de 0,596.
L’Union du Maghreb arabe (UMA) est la plus petite communauté économique régionale d’Afrique en termes de nombre d’États membres, n’en comptant que cinq. De ce fait, les scores des pays qui sortent du lot ont plus d’effet sur le score moyen de la région que ce n’est le cas pour les autres communauté. Le score moyen de l’UMA en matière d’intégration productive est quasi identique (0,449), mais d’un membre à un autre, les variations sont considérables, allant de quasiment zéro pour la Mauritanie à 0,796 pour la Tunisie. La Tunisie est également la meilleure performance de l’UMA dans le domaine de l’intégration infrastructurelle (0,906), avec de bonnes connexions aériennes intrarégionales et un score satisfaisant dans l’Indice de développement des infrastructures. Les trois performances suivantes de l’UMA pour cette dimension – Algérie, Maroc et Libye – ont des scores proches de 0,550. La Mauritanie a un score de zéro. La Tunisie et le Maroc sont, dans l’ensemble, les meilleures performances de l’UMA, tandis que la Mauritanie et la Libye sont les maillons les plus faibles.