Le chanteur et musicien guinéen Mory Kanté est mort à l’âge de 70 ans dans un hôpital de Conakry, des suites d’une longue maladie, a annoncé son fils à l’AFP, ce vendredi 22 mai. Le président guinéen Alpha Condé a posté sur son compte Facebook un message emprunt de tristesse: « Mory Kanté, la culture africaine est en deuil. Mes condoléances les plus attristées. Merci l’artiste. Un parcours exceptionnel« .
Connu pour son titre planétaire « Yéké yéké » dans les années 1980, cet artiste dépositaire de l’épopée Mandingue dont il célébra les grands noms (de Soundjata Keita à Samory Touré) dans son répertoire a contribué à populariser la musique africaine et guinéenne à travers le monde.
Né en 1950 à Albadariya, près de Kissoudougou, en plein coeur du pays Mandingue, il est le 38 ème enfant d’une famille à l’africaine, à l’ombre d’un père, patriarche, qui vivra 100 ans. Mory grandira entre la Guinée et le Mali, entre oncles et tantes, s’inscrira à l’école française et s’initiera à l’art de la poésie traditionnelle dont la figure héréditaire du Griot qu’il est, de père et de mère, lui donne le droit, de moins en moins exclusif, de transmettre aux générations actuelles l’histoire orale du peuple Mandingue. Sa musique, inspirée de toutes les influences, des afro-cubaines aux incontournables Zaïroises, en passant par le jazz et les musiques noires américaines en général se heurtera pendant longtemps à la fadeur de l’insuccès.
C’est à Los Angeles, sur le label du noir américain Gérard Chess, Ebony, que Mory Kanté enregistre son premier disque en 1981, Courougnègnè. Un quasi non-événement. Artiste immigré en France, en 1984, sans carte de séjour, il participe à l’explosion de la World Music. Sacré « griot électrique » en 1987 avec l’album Akwaba Beach qui renfermait un single, Yéké Yéké, succès planétaire dont la version réeditée allait être vendue en des millions d’exemplaires. En juillet 1988, ce titre atteint la première place du classement pan-européen établi par le fameux hebdomadaire professionnel américain Billboard. Juste après avoir reçu un disque d’or en octobre 1988 en France, Mory Kanté est récompensé en novembre à Paris par la Victoire de la musique du meilleur album francophone.
Mory Kanté est au sommet de son art, devenant l’artiste africain le plus vendu dans le monde. Mais comme tout africain, c’est dans son pays, en Guinée, à l’appel de la terre natale qu’il a fermé les yeux pour la dernière fois. Après avoir accompli sa mission avec dignité et courage.