L’étude publiée par The Lancet et jugeant inefficace voire nocif le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, a eu un effet tellurique dans la géopolitique médicale mondiale. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé, lundi, d’arrêter temporairement les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine, le temps de vérifier ses potentiels effets néfastes sur les patients. Cet « édit de Nantes » suffira-t-il à mettre fin à la controverse sachant que de nombreux pays ont largement dépassé la phase des essais et administrent l’hydroxychloroquine pour traiter le covid-19 ?
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué, lors d’une conférence de presse, que la décision était «temporaire». Cible favorite de Donald Trump, l’éthiopien qui sort d’une assemblée générale pour le moins compliquée, et évolue sous une enquête interne sur l’évaluation de la gestion de la pandémie, a-t-il pris la bonne décision géopolitique ou médicale ?
L’OMS avait lancé il y a plus de deux mois ces essais cliniques, baptisés «Solidarité», en partenariat avec plusieurs pays. «Plus de 400 hôpitaux dans 35 pays ont collaboré. Quelque 3.500 patients ont été recrutés dans 17 pays», a détaillé le patron de l’OMS. Reste à savoir si les résultats de ladite étude seront publiés dans les délais pour confirmer ou infirmer la thèse défendue notamment par Didier Raoult ? Les essais sont suspendus le temps que les données recueillies par les essais Solidarité «soient examinées», a assuré plusieurs fois Tedros Adhanom Ghebreyesus, plus que jamais sous pression, au moment même où cette décision brusque profite aux concepteurs des médicaments concurrents (Sanofi, Gilead, Moderna et autres).