Lors d’une conférence de presse virtuelle, vendredi 29 mai, consécutive à la conférence bilan de la banque qui a eu lieu deux jours avant à travers un webinar, le directeur général adjoint du groupe Bank Of Africa (Boa), Abderrazzak Zebdani, estime qu’il n y a pas d’impact notable dû à la crise de la Covid 19 à déplorer dans la plupart des filiales BOA à la fin du premier trimestre 2020. «Les indicateurs (soit l’activité ou la rentabilité) sont conformes aux prévisions budgétaires établies 2019 », a fait remarquer le directeur général adjoint.
En effet, les responsables du groupe ont affiché leur optimisme pour le futur de leurs activités mais semblent tourmentés par la rubrique « commissions » étant donné qu’avec la fermeture des frontières, le commerce sous régional et international, les virements à l’étranger et les transactions vont connaître des ralentissements. «L’effet commence d’ailleurs à se faire sentir dans cette rubrique commission», reconnaît Abderrazzak Zebdani.
Pour le directeur général adjoint, qui avait à ses côtés Laura Tran, directrice des Participations et Stéphane Carrer, directeur de la Communication, la situation sanitaire n’est pas au même niveau dans la plupart des pays où la banque est représentée, ce qui complexifie davantage leur feuille de route. Car, « au lieu d’avoir un plan de continuité des activités uniformes pour tous les pays, il fallait le moduler à plusieurs niveaux en fonction de la situation sanitaire de chaque pays».
Le groupe annonce par ailleurs la mise en place d’un véritable outil de production et de collecte pour le pilotage du recouvrement, qui était auparavant jugée inefficace avec des procédures dépassé. «Nous avons formé une nouvelle équipe avec des nouvelles procédures et une révision du profil des banquiers ajoutés à quelques commerciaux pour prendre en charge le recouvrement. Qui exige de la part des agents de recouvrement des conseils et solutions pour permettre à leurs clients de disposer de plusieurs palettes dans le remboursement», souligne Abderrazzak Zebdani.
Des résultats contrastés
Côté chiffres, les différentes filiales zone UEMOA de BMCE Bank Of Africa renommée en Bank Of Africa présentent des résultats plutôt contrastés en 2019. Ainsi, BOA Bénin, première banque du pays éponyme en termes de crédit et de dépôt, fort d’un total bilan de 920, 8 milliards de FCFA, en recul de -2,7% présente un PNB en hausse de 5,1% à 41,3 milliards de FCFA pour un résultat net à 15 milliards de FCFA, en hausse de 17%. Ce bon résultat n’est pas en corrélation avec l’évolution du titre à la BRVM en dépréciation de 14% plus accentuée que celle du secteur financier (-9,46%).
Pour sa part BOA Burkina Faso a fait progresser ses principaux agrégats. Le total bilan ressort à 867,2 milliards de FCFA en hausse de 7,3% . Le PNB évolue dans la même proportion pour s’établir à 42,7 milliards de FCFA. Idem pour le résultat net, en hausse de 7% à 18,15 milliards de FCFA. A la BRVM, le titre BOA Burkina Faso s’est dégradé de 27,1%. La Banque reste néanmoins sur un ROE de 25,1% plutôt rémunérateur compte tenu des moyennes bancaires d’autres régions.
Egalement filiale de BOA West Africa, la structure BOA Côte d’Ivoire a vu son total bilan s’effriter de 2,5% à 608,5 milliards de Franc CFA pendant que son PNB progresse de 7,7% à 35,3 milliards de FCFA dopé par la forte hausse des commissions et son résultat net s’apprécie de 22% à 14,3 milliards de FCFA. A la BRVM, le titre BOA Côte d’Ivoire limite la casse à une baisse de 4,9%. Le ROE ressort à 29,2%, ce qui montre là aussi un profil plutôt rémunérateur.
Au Niger, la filiale locale fait progresser son total bilan de 8,2% à 343,9 milliards de FCFA. Le PNB s’apprécie de 13% à 23,4 milliards de FCFA pour un résultat net de 8,5 milliards de FCFA. La première banque nigérienne en termes de crédits, deuxième en termes de dépôts, enregistre une forte progression de la marge bancaire mais une progression plutôt modérée de la commission. A la BRVM, le titre BOA Niger s’est déprécié de 13% en 2018.
Pour sa part, BOA Sénégal enregistre une hausse de 8% de son total bilan établi à 535 milliards de FCFA. L’exercice se caractérise par une forte progression (+20%) du PNB à 30 milliards de FCFA en contraste avec les 7% de croissance du résultat net (9,1 milliards deFCFA). A la BRVM, le titre subit une baisse de -23,5% ramenant le PER à 4,1x. Le retour sur investissement (ROE) est là aussi, avec un taux de 22,4%, supérieur à la moyenne bancaire.
Au Mali, la filiale BOA a vu son total bilan progresser de 12, 6% à 577,3 milliards de FCFA pour un produit net en évolution de 7,8% à 32 milliards de FCFA. Seul hic, un résultat net en dégringolade de 210% à -6,7 milliards de FCFA. La mauvaise embellie dégrade les fonds propres de 15% pour un niveau de 26,3 milliards de FCFA. A noter que d’importants déclassements de dossiers ont affecté la marge, indique le groupe. En dépit de la hausse de la marge sur commissions (+23%, notamment sur opérations de change), de la forte réduction des charges (le coefficient d’exploitation est ramené à 71%), BOA Mali a vu ses résultats grevés par un niveau de provisions pour risque exceptionnellement élevé (17 milliards de FCFA de créances déclassées en créances douteuses et litigieuses (CDL) dont 75% sur 5 dossiers), en dépit de meilleures performances de recouvrement que l’année précédente. A la BRVM, le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur (-53,1 %), une sanction somme toute logique.
Une transformation digitale en marche
Au cours d’un webinar organisé par le groupe Bank of Africa (Boa), le vendredi 29 mai, le directeur général adjoint du groupe Bank Of Africa (Boa), Abderrazzak Zebdani, a soutenu que la stratégie de transformation digitale lancée en 2015-2016 est entrain de porter ses fruits à l’ère de la Covid 19.
En effet, avec la crise du Coronavirus et son corollaire de mesures barrières, de limitation de déplacements et de distanciations, l’application internet et l’application mobile réalisent un nombre élevé de souscription pour la consultation ou pour effectuer des opérations. « Nous sommes entrain d’enrichir ces deux applications par de nouvelles soumissions afin de faciliter davantage la vie de nos clients », se réjouit le directeur général adjoint du groupe Bank Of Africa (Boa).
Cette performance témoigne également du nombre de comptes du groupe qui a largement dépassé la barre de quatre (4) millions. « Le rapport de la commission bancaire au sein de l’Uemoa place notre groupe à la première place en terme de comptes avec une part de marché qui dépasse les 17%. Nous sommes deuxième en terme de part de marché réseau pour les distributeurs automatiques avec une part de marché de 10% et troisième dans le cadre de total bilan avec 10% de part de marché », affirme Abderrazzak Zebdani
Au regard de cette augmentation significative du nombre de souscription, le groupe songe à basculer vers une convergence de ces outils afin d’avoir un seul canal digital avant fin 2020. «La crise nous oblige à réfléchir plus rapidement et de façon large », soutient Stéphane Carrer, directeur de la communication du groupe bancaire.